Les jeunes vont pouvoir passer le permis à 17 ans à partir de janvier 2024, dans les mêmes conditions qu’actuellement, a annoncé ce mardi la Première ministre Élisabeth Borne.
Le permis de conduire à 17 ans sera bientôt une réalité, a annoncé ce mardi sur le média en ligne Brut Élisabeth Borne ce mardi. « Je vous confirme qu’à partir de janvier 2024, on pourra passer son permis à 17 ans et conduire à 17 ans », au lieu de 18 ans, et ce, dans les mêmes conditions qu’actuellement, a affirmé la Première ministre, en soulignant que cette mesure serait « un vrai plus » notamment pour les jeunes en apprentissage. La Première ministre annonce également une aide financière de 500 euros pour les jeunes en lycée professionnel pour financer leur permis de conduire.
Nous en parlions la semaine dernière, le gouvernement envisageait cette possibilité depuis plusieurs jours et avait organisé des fuites dans la presse.
Les propositions des réseaux d’auto-écoles
La semaine dernière, Patrick Mirouse nous faisait part des propositions de l’ECF sur le sujet. avec 3 idées fortes : un module de formation aux nouvelles mobilités, une formation post-permis obligatoire 2-3 mois après l’obtention du permis et surtout une conduite accompagnée autonome avec une AFFI qui donnerait le droit de conduire un quadricycle à moteur.
Patrick Crespo, le président de CER Réseau, se déclare également favorable à la mesure et souhaite qu’elle permette de repenser et améliorer le continuum éducatif. Il reprend pour cela des propositions qu’il avait fait en commission à l’Assemblée nationale en 2018 :
- faire passer l’ASSR1 au CE2 (elle est passée en 6ème actuellement) et l’ASSR2 en 6ème (elle est passée en 3ème aujourd’hui).
- il propose que le permis AM (scooter ou cyclo) soit conditionné à l’obtention d’un premier examen du code « simplifié » (40 questions) qui serait passé auprès des opérateurs privés et qui permettrait de conduire un scooter ou une voiturette uniquement.
- il propose également que la passage du permis de conduire à 17 ans s’accompagne de cours de code en présentiel (entre 6h et 10h obligatoires). Des études européennes ont montré que l’apprentissage devant un écran était moins efficace.
- il demande à l’État de mettre en place des incitations et de communiquer activement sur les avantages de la boîte automatique. Cela pourrait passer éventuellement par des tarifs plus attractifs pour les assurances.
- il souhaite que la formation post-permis soit rendue obligatoire 6 mois après l’obtention du permis ; car, sans obligation, cette formation n’attire pas les jeunes conducteurs.
- Enfin, il rejoint la proposition de l’ECF au sujet de la conduite accompagnée autonome. Une proposition « logique et naturelle » qui consiste à permettre aux jeunes ayant effectué leur rendez-vous préalable de conduire une voiturette. En d’autres termes, l’AFFI donnerait, par équivalence, le permis AM quadricycle.
Les organisations professionnelles partagées
Les organisations professionnelles ont également réagi à l’annonce. Mobilians Éducation et Sécurité Routière l’avait anticipée en publiant un communiqué de presse. Mobilians se déclare favorable à la mesure si plusieurs conditions sont remplies :
- si la sécurité routière est garantie. Mobilians se déclare également favorable au fait d’imposer aux jeunes de suivre un rendez-vous pédagogique au sein d’une école de conduite de proximité au bout de 6 mois.
- si la production de places d’examens est augmentée, et ;
- si le financement du permis de conduire est assuré. Mobilians réclame à nouveau la portabilité du CPF au sein de la famille nucléaire, avec une transmission autorisée entre parents et enfants.
Du côté de l’UNIC, le ton est différent. Dans son communiqué de presse, l’UNIC parle de « fausse bonne idée qui peut nuire à la sécurité routière et à la sécurité des jeunes conducteurs ». Elle rappelle la nécessité de proposer « une formation suffisante et une expérience de conduite plus longue pour les jeunes conducteurs avant de leur permettre de prendre la route seuls », c’est-à-dire d’inciter les jeunes à opter pour la conduite accompagnée (AAC). L’UNIC se déclare favorable à ce que seuls les élèves ayant opté pour le conduite accompagnée puissent passer le permis et conduite à partir de 17 ans (pour l’instant ils doivent attendre d’avoir 18 ans pour conduire seuls). Enfin, elle propose que ce permis soit assorti de mentions restrictives comme la limitation de la puissance du véhicule à l’instar du permis moto, limitation le week-end, pas de passager, etc., pour une période à déterminer.
Quel l’interêt ?
En dehors d’une opération de com, on ne voit pas bien à quoi cela peut servir. L’argument de la mobilité professionnelle fait partie des billevesées habituelles. En regardant ce qui a été fait pour la Sécurité Routière depuis au cours des 20 dernières années il y a de quoi déprimer. Mais quand on se penche sur ce qui a été entrepris depuis 2014, il y a de quoi être révolté ! La plus belle illustration de ce tissu d’âneries est la réforme de l’ETG qui restera à jamais un monument de débilités inutiles, une compilation de préceptes écolo-moralisateurs déconnectés des exigences de l’apprentissage. On n’oubliera pas non plus l’externalisation de l’épreuve théorique qui a institutionnalisée la fraude, l’ubérisation sauvage de la profession, les multiples révision à la baisse des exigences de l’examen pratique (sous couvert d’harmonisation) pour satisfaire des objectifs statistiques ridicules (mais populistes).
Nos élèves ont des aptitudes de plus en plus faibles (politiquement incorrect mais réel), leur seuil d’acceptation des règles de circulation de plus en plus bas, leur capacité à s’envisager comme élément participant à la sécurité collective inexistante et nos têtes pensantes passent leur temps à divaguer en imaginant des réformes toujours plus fantaisistes. C’est le concours Lépine de la bêtise.
Je suis entièrement d’accord avec vous à 100%
Eric a parfaitement résumé les problématiques des mesures prises en matières de sécurité routière et de formation à la conduite depuis plus de 10 ans qui ont eu pour conséquence : une baisse de la qualité des formations et du service public, une baisse drastique du niveau de connaissance et de compétence des jeunes conducteurs, une baisse du niveau d’exigence de l’examen, une baisse de la sécurité routière et bientôt une baisse de l’âge du passage du permis… tout cela au service de l’ubérisation, de la dématérialisation et de la démagogie politique.
C´est vraiment ça
C’est tout à fait vrai et malgré tout cela on nous parle quand-même de sécurité routière…