Code de la route : comment expliquer la chute brutale du taux de réussite ?

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baisse du taux de réussite au code de la route

Le 12 septembre, l’examen du code de la route (ETG) subissait une transformation profonde avec le remplacement complet de la banque de questions et l’introduction de 1037 nouvelles questions. Le taux de réussite à l’examen a été divisé par deux, pour atteindre les 30%. Explications.

Des questions revues pour plus de clarté

La banque de questions a été entièrement renouvelée. Dans la conférence de presse donnée quelques jours avant, Florence Guillaume, la déléguée interministérielle à la sécurité routière, annonçait « plus de lisibilité et de clarté ». Les questions ont été « remaniées pour être plus claires », avec un « vocabulaire simple » et une « formulation plus précise. Nous avons pris en compte également l’essor des nouvelles mobilités avec l’intégration de nouveaux types de questions dans lesquelles le candidat doit analyser les situations du point de vue d’un autre usager (trottinette, piéton, motard, cycliste…). »

Tout a été fait pour « ne pas piéger le candidat ». Ainsi dans une image comportant « plusieurs véhicules, la désignation de celui concerné par la question sera plus évidente ». Il y a aussi « l’intégration de prises de vues par drone afin de renforcer dans certains cas le réalisme d’une situation ». Enfin il sera indiqué au candidat désormais « quand il y a une seule ou plusieurs bonnes réponses ».

Les éditeurs prêts depuis plusieurs mois

Du côté des éditeurs, la réforme avait été largement anticipée. La mise en place des nouvelles questions devant intervenir au 1er juin, les supports papiers et numériques avaient été mis à jour dès le printemps. L’ensemble des candidats a donc pu s’entraîner sur les nouvelles questions. Et pourtant…

Un taux de réussite divisé par deux

Le taux de réussite à l’examen du code était, avant la mise en place des nouvelles questions, aux alentours des 55% (selon les chiffres du bilan 2022 disponible sur le site de la Sécurité routière). Selon nos informations, la semaine dernière, ce taux de réussite a chuté brutalement aux alentours des 30%. Tous les opérateurs de code ont constaté un phénomène similaire. Comment expliquer cette baisse ? Est-elle temporaire le temps qu’un ajustement s’opère ou le signe d’un problème plus profond ?


Le précédent de la réforme de 2016

La baisse drastique du taux de réussite n’est pas sans rappeler la réforme du printemps 2016. Quelques jours après la mise en place des nouvelles questions, le taux de réussite avait plongé. Face à la pression des auto-écoles et des candidats, le Ministère de l’Intérieur avait publié un communiqué annonçant le retrait des questions les plus difficiles.

Plusieurs pistes pour expliquer la baisse

Lorsque l’on observe un phénomène inhabituel ses causes peuvent être multiples. Cela semble se confirmer dans le cas présent. Ainsi, la chute du taux de réussite pourrait s’expliquer par :

  1. un manque d’anticipation et de concertation de la part du Ministère. Lors des réunions préparatoires, plusieurs intervenants ont suggéré la mise en place progressive des nouvelles questions sur 6 à 8 semaines, au lieu d’une mise à jour en une fois.
  2. un problème dans le paramétrage des tirages. Il s’agit là d’une hypothèse que nous jugeons relativement crédible. Les opérateurs demandent au Ministère de réaliser des tirages de questions de manière aléatoire. Ces tirages comportent un certain nombre de questions faciles, moyennes et difficiles. Un mauvais paramétrage des tirages qui enverrait trop de questions moyennes et difficiles pourrait expliquer la baisse du taux de réussite. Dès le 13 septembre, le Ministère annonçait aux opérateurs une opération de maintenance programmée le 18 septembre, opération qui sera finalement reportée. Cette opération laisse penser que des actions correctives sont en train d’être menées.
  3. Enfin, troisième hypothèse, peut-être la plus notable. Les nouvelles questions mettent davantage l’accent sur la réglementation, ce qui rend le bachotage inefficace. De nombreux élèves révisent l’examen sur une ou plusieurs applications (gratuites ou payantes). Ces applications ou plateformes sont plus ou moins bien faites. Certaines comportent des cours, mis à jour régulièrement, d’autres non… La réglementation est un ensemble de règles qu’il faut apprendre et comprendre. Le bachotage ne permet pas toujours de les assimiler.

On ne peut pas se réjouir d’un taux de réussite en baisse, car des milliers de candidats vont devoir repasser l’examen et repousser leur formation pratique de quelques semaines.

On peut néanmoins se féliciter que cette réforme rappelle aux candidats l’importance d’apprendre la réglementation en passant par une auto-école de proximité, en utilisant les outils développés par des éditeurs dont c’est le métier… plutôt que de passer par des applications tiers plus ou moins fiables.


12 Commentaires

  1. Depuis le temps que nous répétons que les élèves ne sont plus que des « perroquets » qui répètent sans comprendre quoi que ce soit !!
    Il suffit d’assister aux vérifications lors de l’épreuve pratique pour se rendre à l’évidence qu’il y a d’énormes problèmes de compréhension, d’expression et un bon sens aux abonnés absents. On pourra essayer de faire encore plus facile, essayer de triturer les questionnaires ou la procédure d’évaluation tant qu’on veut pour s’adapter au niveau des candidats que ça ne servira jamais à rien. Le niveau est très faible et, surtout, les candidats s’adaptent constamment à la baisse. Il est très facile d’en faire moins mais beaucoup plus compliqué d’essayer d’en faire plus. Ça fait 40 ans qu’on nivelle par le bas, je souhaite bon courage à celui qui voudra inverser la tendance. Ce qu’on entend et voit en leçon ou en examen est tout bonnement effarant.

    • Le niveau scolaire est en baisse depuis longtemps. Sans compréhension et sans réflexion de la langue française, on va avoir du mal à en faire quoi que ce soit de ces élèves, très volontaires pour certains et je « m’en foutiste » pour d’autres.
      Votre analyse est très parlante pour ceux qui sont sur le terrain, mais totalement incompréhensive pour ceux qui travaillent dans les institutions donc en décalage total avec la réalité.

  2. Et contrairement à ce qui est écrit dans l’article, pour notre part, nous avons reçu la mise à jour des questions seulement 10 jours avant la réforme …

  3. Il appartient aux enseignants de faire assimiler l’importance de l’intelligence. C’est le paramètre indispensable. A contrario, qu’observe t-on dans la réalité de la conduite des citoyens ayant leur permis de conduire ? Le pire du pire. Et nous espérons que les parents soient au niveau pour montrer l’exemple à leur progéniture ? … Que font les pouvoirs publics ? RIEN. Quel délégué(e) interministériel aura le courage d’aller jusqu’au bout de la loi en faisant simplement signer le décret d’application sur les formations en conduite obligatoires tous les cinq ans pour parution dans le journal officiel ? Vingt ans que j’attends cela…… je pense que j’aurai fait mon dossier retraite et peut-être même que l’orient éternel m’aura invité dans ses bras qu’aucun politique n’aura eu cet honneur.

  4. Bonjour deux sons de cloches d’un côté ce sera plus facile et de l’autre 30% Vous avez dit bizarre En tant qu’éditeur privé de support code je ne modifierai que mes séries dites examens blancs car c’est en effet un pied de nez aux plateformes privées en fin de compte. De là à dire que tous sont mauvais nous avons un excellent livre de code en ligne bien plus simple que le 200 pages connu de tous et c’est peut être là où le bas blesse car la jeunesse veut du vite bien fait et là il s’agit d’une modification totale que doivent avoir les auto-écoles ALORS AU TRAVAIL les encadrants et les apprenants suivront

    • Ça fait 32 ans que j’enseigne, 32 ans que je fais des cours en salle (pas que des tests en mode automatique) et quand je dis que nos élèves sont devenus des perroquets, je mesure la portée de mes mots. Il y a une dizaine d’années je faisais lire l’intitulé de la question à chaque élève que j’interrogeais. J’avais arrêté pour je ne sais plus quelle raison et j’ai eu l’idée de recommencer après avoir remarqué certaines incohérences. Stupeur totale, des bac+2 qui ânonnent comme des CE2, qui déchiffrent plus qu’ils ne lisent, qui lisent en déformant l’intitulé, qui ne comprennent pas la formulation des questions car ils ne connaissent pas un vocabulaire pourtant courant. Alors je suis d’accord ils veulent du rapide, du facile, bref du consommable, pour ces raisons ils se tournent vers internet et peu importe si ce qu’ils y trouvent est une merde infinie, ils ne font aucune différence. A choisir entre consommer bêtement et passivement un contenu douteux sur le net et faire l’effort d’assister à des cours en faisant tourner quelques neurones, leur choix est vite fait. En voiture nous constatons le même comportement sauf que sur la route on ne peut pas tricher en pipeautant les situations, le par-cœur prédigéré sans réflexion ne fonctionne plus dans ces cas là. La DSR en a parfaitement conscience puisqu’elle n’a de cesse d’imposer aux examinateurs un cadre d’évaluation toujours plus « bienveillant » (comprendre vide de contenu), en témoigne la notion de faute éliminatoire conditionnée à un impératif de « danger réel et immédiat » introduite il y a qqs années. Ceux qui assistent aux examens et échangent avec les IPCSR comprendront immédiatement la référence. Qu’on ne viennent plus nous parler de Sécurité Routière ou de formation, ça en devient indécent !

  5. Bravo Eric ,tout est dit .;Nous avions autrefois l’obligation de dispenser des cours de code ( les tests étant là pour en vérifier les acquis ) et rien ne vaut un cours en visuel avec un professionnel faisant participer son auditoire et le sensibiliser aux dangers de la route !!!!!
    JEAN (ancien moniteur et formateur au BEPECASER à la retraite depuis l’an 2000 !!!un vieux con !!!
    et Grand-Père d’un jeune en formation )

  6. Touche du bois pour le moment 4 reçus sur 4 mais il est vrai avec des notes limites. Une question sur vitesse moyenne. Velo se rapproche celle des. Voiture en ville. Une question ds leds bleues en tunnel validé pour moto. Et notion de voiture pollue plus ds les premiers km. Bon en 2016 on avait été un groupe sur Facebook a mettre les questions vécues par les candidats. Ce serait possible de faire un repetita

  7. Bjr à tous, 30 ans d’enseignement pour ma part. Employée et depuis 12 ans gérante, je n’ai jamais arrêté les cours de code dans mon établissement, malgré des périodes de doutes, aujourd’hui les élèves reviennent, parfois avec plusieurs échecs à leur actif, mais je suis fière de me battre au quotidien afin de les sensibiliser à la route, aux autres usagers et à la sécurité. On observe malheureusement tellement de différence de comportement en pratique entre un élève bien formé en théorie que cela en devient désespérant. Au passage je remercie toutes les autos–école qui ont scié la branche sur laquelle nous étions tous assis il y a quelques années et leur dis : Ne venez pas pleurer !!!!

  8. La complexité d’obtention de ce code est un scandale. Disons-le clairement, un instrument d’exclusion économique de centaines de milliers de personnes du marché du travail. Cet examen est une honte, et un scandale. Une des raisons de notre déclassement et de notre manque de compétitivité.
    A New York, le QCM est de 20 questions et vous aurez le droit de faire 6 fautes maximum.
    En France, près d’1 million de personne roulent sans permis. Ont-elles plus ou moins d’accidents que celles qui ont eu le permis ? En fait moins, car elles font plus attention. Ce code est un système inique de déclassement économique.

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