Vendredi matin, Benoit Storelli, le Directeur général d’Auto-école.net annonçait sur BFM Business une levée de fonds de 10 millions d’euros auprès du fonds d’investissement Ring Capital et détaillait les plans de l’entreprise pour les années à venir. L’interview (à revoir en sur le site de BFM) est riche en enseignements. Nous avons tenté de la décortiquer.
Un modèle différent des auto-écoles en ligne
La situation est connue : les évolutions législatives, soutenues par Emmanuel Macron depuis 2015 (en tant que Ministre de l’Économie, puis en tant que Président), ont favorisé l’émergence de nouveaux acteurs, des pure players digitaux, proposant des formations « moins chères ».
Pour Benoit Storelli, tous ces acteurs n’ont pas le même modèle économique et ne doivent pas être confondus. Il distingue :
- Un modèle de plateformes de mise en relation qui fonctionnent avec des moniteurs indépendants et qui souhaitent « ubériser » le marché (à l’instar du géant américain avec les taxis et les VTC). Il s’agit du modèle défendu par Ornikar, En Voiture Simone, Le Permis Libre… ;
- Un deuxième modèle plus intégré (et plus respectueux de la législation) avec des locaux, des moniteurs salariés, des élèves présentés sur ses propres places d’examen… et qui s’appuie sur le digital pour réduire le montant des formations, notamment grâce à la formation en ligne (e-learning). C’est le modèle défendu par Auto-école.net.
Si tous ces acteurs soulignent dans leurs publicités le caractère « moins cher » de leurs formations, Storelli défend une approche différente de ses concurrents. Auto-école.net ne communique pas sur le fait que ses formations sont « moins chères qu’en auto-école ». Il se défend de toute volonté de « casser les prix » et explique la différence de prix par le fait que l’e-learning permet de réduire le nombre d’heures nécessaires pour passer le permis de conduire.
On aurait donc d’un côté des « courtiers » qui utilisent le digital pour mettre en relation élèves et indépendants et qui proposent des prix bas grâce à une concurrence déloyale (en ne payant ni locaux, ni charges sociales) et, de l’autre, une « edtech » (startup technologique spécialisée dans l’éducation et l’apprentissage) qui propose des prix bas en remplaçant une partie des leçons pratiques par des enseignements en ligne.
Selon les chiffres annoncés, Auto-école.net aurait formé l’an passé 60 000 élèves pour un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros. Comme souvent, ces chiffres sont difficiles à vérifier, mais ils permettent de déduire deux éléments :
- L’ensemble de ces élèves inscrits n’effectuent pas sur une formation complète (code et conduite). Le panier moyen étant de 250€ / élève.
- Auto-école.net est le deuxième acteur du secteur, derrière Ornikar, en termes de chiffres d’affaires (hors formation pro).
La levée de fonds de 10 millions d’euros annoncée vendredi doit lui permettre de continuer son développement et notamment de concurrencer Ornikar (qui avait levé 12 millions d’euros en juillet 2019, NDLR).
Les 10 millions d’euros pour accélérer et se diversifier
Pour Benoît Storelli, la récente levée de fonds doit permettre à Auto-école.net d’aller plus vite sur son cœur de métier. Il souhaite :
- Améliorer le maillage territorial pour couvrir, à terme, les 100 plus grandes agglomérations de France (contre 30 agglomérations couvertes actuellement).
- Investir dans le « produit » en améliorant la qualité des applications, le suivi de l’apprentissage des élèves, en développant des simulateurs… L’objectif est de pousser encore plus loin la digitalisation de l’enseignement de la conduite.
- Investir dans les « talents ». Concrètement, il s’agit de renforcer les équipes enseignantes. Le groupe déclare recruter 20 moniteurs par mois en ce moment.
De l’enseignement de la conduite à l’enseignement de toutes les mobilités
Ces 10 millions d’euros doivent également servir à développer de nouvelles activités et notamment une offre de sécurité routière et d’écoconduite à destination des entreprises, des municipalités et des particuliers, en capitalisant sur les outils déjà développés.
Auto-école.net entends désormais s’adresser « aux entreprises qui ont des flottes automobiles et qui veulent former leurs conducteurs », ou à « des entreprises qui ont des flottes dans les nouvelles mobilités » (vélos, trottinettes, …). L’objectif est d’adresser les problématiques de sécurité autour de ces nouvelles mobilités.
« Notre modèle nous permet ainsi désormais d’envisager avec confiance le déploiement de nos activités sur toutes les formes de mobilité et de réaliser pleinement notre mission qui est d’accompagner tous les Français vers une mobilité plus respectueuse et responsable », explique Stanislas Llurens, co-fondateur d’Auto-école.net.
POUR ALLER PLUS LOIN
Encore un financement avec de l’argent public ?
Lors de la levée de fonds d’Ornikar en 2019, nous avions publié un article intitulé « Ornikar, nouvelle start-up d’État » et montré – chiffres à l’appui – que 10 millions sur les 12 millions d’euros levés avaient été apportés par BPI France.
La levée de fonds d’Auto-école.net a été réalisée auprès de Ring Capital. Le communiqué de presse précisé « Ring Capital [investit] des tickets de € 3 à 15M dans les « scale-ups » françaises pour les accompagner dans leur phase de passage à l’échelle, notamment via l’internationalisation et la croissance externe. […] Les fonds gérés proviennent d’acteurs institutionnels tels que Tikehau Capital et BPI France et d’investisseurs familiaux ou privés. »
S’il ne s’agit pas directement d’argent public comme pour Ornikar, il semblerait donc qu’une partie des fonds apportés par Ring Capital, proviennent indirectement de BPI France.
Pas d’expansion à l’international pour l’instant
Dans son communiqué de presse, Auto-école.net ne mentionne pas de projets d’expansion à l’international. Sage décision ? Peut-être, si l’on en croit les déboires que rencontre Ornikar à l’étranger. La filiale allemande Odokar a été purement et simplement abandonnée (le site a été clôturé ainsi que la page Facebook), quant à la filiale espagnole Obicar, elle a été discrètement renommée Onroad.to …
Chez auto-ecole.net, il faut lire ce qui se cache derrière le « i » : « 20 séances de conduite d’une durée de 45 minutes. Le 1er cours de conduite consistera en une évaluation initiale ». Il ne s’agit donc pas des « 20 heures de conduite obligatoires minimum ». Hormis le fait que la première séance soit en réalité une évaluation, le forfait de base comprend donc 5 heures (15 mn x 20 séances) passées devant un écran d’ordinateur (à visionner de la « théorie de pratique » !) sur un total de « 20 séances » et donc seulement 15 heures (ou 14 H. si on ôte l’évaluation) de conduite réelle (à quoi il faut bien encore soustraire les quelques minutes passées à s’installer correctement au poste de pilotage, etc.). Bref, il doit s’agir d’une subtilité : un « simulateur en ligne », sans présence de moniteur. Le pire de tous ! De ce fait, je ne pense pas que ces 5 heures de simulation de conduite sur ordinateur soient comparables à 5 heures de conduite effectives. Je ne crois pas qu’un candidat puisse être, ainsi, mieux ou plus rapidement formé, bien au contraire. S’il ne veut pas dépasser les 20 « séances » de son forfait, ce candidat n’aura réellement effectué que 15 (ou plutôt 14) heures de conduite dans une vraie voiture, avec de véritables autres usagers de la route et un moniteur expérimenté à ses côtés. En tenant compte de cela, auto-ecole.net n’est certainement pas moins cher que beaucoup d’auto-écoles traditionnelles et, au final, le coût total du permis est même sans doute beaucoup plus cher.
Bonjour ,
Vous avez raison , j’ajouterais à cela que rien ne remplace la conduite réelle, le simulateur ne réduit en rien le nombre de leçons supplémentaires , au contraire c’est du temps perdu , puisqu’au final les candidats dont dépasser le forfait souscrit.
J’ajouterai que l’évaluation de départ est obligatoire et ne peut pas être prise en compte sur le forfait de base 20h minimum légal.
C’est tout à fait juste, concernant l’évaluation, et, concernant le simulateur, c’est ce que je pense aussi 🙂
Bonjour
Je corrige un peu le tout .
La loi prévoit , quelque soit la formule, 20 h minimum obligatoires de pratique , comprenant 15h en mouvement et 5h de théorie de la pratique .
Ainsi quelque soit votre établissement d’enseignement pour préparer le permis, en ligne ou pas , vous aurez les 5h de théorie ( directement dans la voiture sans rouler ou sur simulateur ou vidéo ).
Un enseignant de la conduite.
C est faux le simulateur n a pas été rendu obligatoire pour les premières heures
C est l argument d auto ecoles qui en vendent
Une enseignante également de la conduite
Pour travailler dans une auto école pas en ligne, je trouve, malgré un à priori négatif, que le simulateur est un truc génial !
Et si, cela réduit le nombre d’heures réelles…