Dans le cadre du Comité interministériel de la sécurité routière (CISR), la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé 38 mesures, divisées en 7 axes. Une de ces mesures concerne directement les professionnels de l’enseignement de la conduite puisqu’elle vise à obtenir « un permis de qualité, fluidifié et moins cher ». Comme souvent, les mesures annoncées ne devraient avoir que peu d’effets.
Réduire le prix, encore et toujours
L’objectif du gouvernement est double : d’une part d’améliorer la lisibilité des prix et des offres des formations au permis de conduire et, d’autre part, de réduire le coût moyen de préparation du permis.
Selon les chiffres communiqués, la formation au permis de conduire coûte 1600€ en moyenne, code compris, pour le 1er trimestre 2023. Un coût que le gouvernement juge « important pour les familles », d’autant plus que la voiture est souvent le seul moyen de se rendre sur son lieu de travail.
Les mesures annoncées
1. Rendre obligatoire à partir de janvier 2024 un livret numérique dans les auto-écoles pour le suivi des candidats : cet outil permettra d’améliorer le suivi pédagogique de l’apprenant mais aussi de connaître précisément le nombre d’heures de conduite effectuées par candidat et par école de conduite. Ces données viendront enrichir la plateforme comparative des auto-écoles publiée par la Délégation à la Sécurité routière (dite « carte des auto-écoles »). Le candidat pourra ainsi mieux évaluer le coût de la formation dans son auto-école et la choisir en fonction du critère du nombre d’heures moyen observé.
Cette mesure, prévue par le rapport Dumas, était déjà connue et anticipée par les professionnels depuis plusieurs années. En revanche, la remontée d’information sur la carte des auto-écoles ne devrait pas avoir d’impact. Le comparateur mis en place par la Sécurité routière étant en état de mort cérébrale depuis plus de 7 mois.
2. Supprimer le délai de trois mois pour suivre la formation « boîte manuelle » lorsque l’on est titulaire du permis « boîte automatique ».
3. Dans le cadre de cette formation « boîte manuelle » pour les titulaires du permis « boîte auto », permettre que 2 heures sur les 7 que compte la formation soient réalisées sur simulateur de conduite (au lieu d’1 aujourd’hui).
4. Favoriser le développement de l’apprentissage anticipé à la conduite (conduite accompagnée et conduite supervisée) pour faire baisser le nombre d’heures avec un moniteur, dès lors que la formation initiale est dûment validée.
5. Communiquer sur le dispositif de conduite accompagnée, notamment sur la facilité à pouvoir être désigné tuteur, dans le cadre familial élargi (sœur, cousin…) mais aussi en tant que proche (ami…).
6. Informer sur les possibilités de conduite supervisée avant l’examen et l’autoriser après échec à l’examen.
Les réactions des organisations professionnelles
Mobilians ESR s’est félicité dans un communiqué paru lundi des mesures annoncées par Elisabeth Borne, que ce soit la création d’un homicide routier, la suppression du délai de carence pour la formation sur boîte manuelle ou la valorisation du rôle de la conduite accompagnée (AAC).
Toutefois, Mobilians ne considère pas ces mesures comme suffisantes et insiste sur le fait qu’elles « devront s’accompagner d’une série de mesures additionnelles, garantissant une meilleure éducation à la sécurité routière ». Pour cela, ils proposent principalement :
- D’adapter la formation théorique du permis de conduire aux risques comportementaux et locaux
- D’instaurer une formation post-permis obligatoire pour tous
- De valoriser le nécessaire continuum éducatif en matière d’éducation et de sécurité routière
- De rendre plus accessible encore le permis de conduire sans détériorer son enseignement
Des propositions, détaillées dans le communiqué de presse, qui reprennent celles formulées devant la Déléguée interministérielle à la sécurité routière au mois d’avril. Ces propositions s’inspirent du « système Sûr », déjà mis en place en Europe du Nord.
Enfin, Mobilians propose ainsi l’ouverture pour tous d’un compte personnel de formation dès quinze ans qui permettrait d’en faire le réceptacle idéal pour les financements provenant d’organismes publics, privés ou même de particuliers (membres de la famille), souhaitant aider le jeune voulant passer son permis de conduire. Une idée qui se rapproche par certains aspects du Compte personnel de mobilité (CPM) défendu par Bruno Garancher et par l’Unidec.
Le président de l’Unidec ne partage pas cet enthousiasme : « J’ai un sentiment de déjà-vu et de mesures sans grande ambition ». Il note que la mise en place du livret numérique est « juste un effet de communication car c’était prévu bien avant les réflexions du CISR ». De même, l’accès à la conduite des véhicules du groupe lourd aux personnes en situation de handicap est « une fausse mesure car c’était déjà pratiqué de façon dérogatoire ». S’il considère qu’« il est important de s’adresser aux victimes », il regrette que le CISR « ne se pose pas vraiment la question de savoir comment ne pas en faire [de victimes] ».
Bruno Garancher se dit déçu que ce CISR n’ait prévu aucune mesure sur le financement de la formation à la conduite. Déçu également par certaines formulations, notamment lorsque le gouvernement met en avant la conduite accompagnée pour « faire baisser le nombre d’heures avec un moniteur » pour faire baisser le coût du permis. « Pourquoi ne pas revenir à l’enseignement libre comme cela se fait dans certains pays », ironise le président de l’UNIDEC ! Enfin, il juge que ce n’est pas en « permettant d’effectuer 2 heures au lieu d’une sur simulateur que l’on va pouvoir faire baisser le coût de la formation passerelle « boîte auto » et donc rendre le B78 plus attractif. Il aurait fallu permettre d’effectuer jusqu’à 5 heures de formation sur simulateur ».
Pour la présidente de l’UNIC, Sandra Carasco, la mise en place d’un pré-code de la route au collège n’est pas forcément une mauvaise idée. Mais elle se pose plusieurs questions : « Sur quel temps cet enseignement sera-t-il dispensé ? Qui va dispenser cet enseignement ? Les professeurs de l’éducation nationale n’ont souvent pas les outils et les compétences pour enseigner le Code de la route. Et surtout, de quelle manière cela va être enseigné ? Si l’on se contente de passer des séries de tests, cela ne sert à rien. On n’aura pas de meilleurs résultats et les élèves arriveront toujours en école de conduite avec un niveau lamentable ».
Sandra Carasco s’interroge également sur les annonces concernant la conduite accompagnée. Si l’AAC permet de dispenser « une formation de qualité en prenant moins d’heures de conduite en auto-école, ce qui contribue à réduire le coût de la formation », elle note qu’elle n’est pas accessible à tous. « Certaines populations n’arrivent pas à avoir des accompagnateurs. Certaines assurances ne jouent pas le jeu. Pour développer l’AAC, il faudrait pouvoir élargir non seulement les accompagnateurs aux cercles familial et amical -ce qui se fait déjà-, mais aussi au cercle professionnel, pour permettre aux jeunes en formation en entreprise d’apprendre avec leur patron sur le véhicule de l’entreprise. »
Enfin, concernant la suppression du délai de 3 mois pour passer la passerelle B78, la président de l’UNIC craint que les auto-écoles ne doivent faire face à une explosion de demandes d’inscriptions : « L’UNIC n’est pas n’est pas forcément opposé à cette mesure, mais on avait demandé un certain délai pour que la profession ait le temps de se préparer car actuellement, on n’a pas assez de véhicules automatiques pour répondre à une très forte demande dès janvier 2024 ».
Le concours Lépine de la co****ie n’en finit plus. Rien que ce concept de passerelle bidon pour le passage de la boîte auto à la boîte manuelle est déjà en soi une pure escroquerie quand on parle de sécurité routière. Nous savons tous que la plupart de ceux qui passent l’examen en BA pour après passer la passerelle sont de vrais boulets et ça ne gêne PERSONNE de laisser ces gugusses circuler avec une boîte manuelle après suivi une formation sans aucune exigence ?!?!? Et tout le reste est à cette image, peu importe qu’on fasse une me**e infinie tant qu’on peut donner du RMP. Il n’y a plus que ça qui compte, pouvoir donner des leçons financées par le CPF sans se poser de questions. Et pourquoi s’en poser puisqu’on a créé un délit d’homicide routier qui va résoudre tous les problèmes ?
Sécurité Routière ??? Mdr
et ca continue d accord d accord ce n’est que le début ……..
bon on est dans une impasse et a ce jeu des 1000 on n’a pas le pneu increvable la citerne de réserve et le véhicule prioriaire
je milite pour un plus grand nombre d’experts, une ammélioration du niveau des formateurs par une remise à niveau et et une oblgation décennale pour tous les conducteurs de France et de Navarre
faut arrêter de faire croire que le permis est cher quand on fait tout pour le rallonger (code 2016: etm rdv permis ET patati et patata)
désolé mais il devient évident que l’on ne comprend pas cette profession en haut lieu et pourtant des choses simples et pas chères seraient pour le bien de tous
a ce jeu on va perdre au niveau européen et ne vous étonnez pas ensuite
JEAN CCR
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