Le groupe de distribution automobile By My Car a annoncé il y a quelques jours le rachat à 100% de l’auto-école en ligne En voiture Simone, par l’intermédiaire de sa holding Ascom, pour un montant non spécifié. Analyse et mise en perspective.
Des difficultés à lever des fonds
Le monde des start-up est parfois impitoyable. Alors que ses principaux concurrents, Ornikar et Auto-ecole.net réalisaient des levées de fonds pour financer leur croissance, En Voiture Simone semblait moins attractive auprès des investisseurs.
Depuis la levée de fonds de 2 millions d’euros de février 2018, réalisée auprès de Crédit Agricole Innovations et Territoires, Supernova Invest et Amundi Private Equity Funds, l’auto-école en ligne parisienne n’arrivait pas à attirer de nouveaux capitaux, nécessaires à son développement.
Dans un écosystème concurrentiel, avec une législation changeante, les start-up doivent – si elles veulent survivre – atteindre le plus vite possible la rentabilité ou séduire de nouveaux actionnaires. Il semblerait qu’EVS n’ait pas réussi à le faire et que l’entreprise n’ait eu d’autre choix que de se vendre.
Un rachat par un réseau de concessions physiques
By My Car est un réseau de plus de 100 concessions automobiles commercialisant 19 marques de véhicules (BMW, Mini, Alfa Romeo,…). Il s’agit, selon l’Argus du « deuxième plus gros distributeur automobile de France » et dont la croissance lui permettrait de « dépasser la barre des 2 milliards d’euros [de chiffre d’affaires] dès 2021 ».
Ironie du sort, l’auto-école en ligne qui prônait le « tout-numérique », l’agrément national et la fin du « local » auto-école est rachetée par un réseau de concessions « physiques » présentes dans toute la France. La start-up qui voulait « disrupter » l’enseignement de la conduite est racheter par un groupe qui n’est pas issu de la « tech » et dont l’activité est, on ne peut plus, traditionnelle.
Quels enseignements et quelle stratégie?
Officiellement, pour le distributeur automobile By My Car, l’objectif est « d’accélérer sa stratégie dédiée à la mobilité ». Sans être devin, le véritable objectif est de capter les jeunes conducteurs (et leurs parents) une fois le permis obtenu et de leur proposer d’acheter un véhicule neuf ou un véhicule d’occasion, ainsi qu’une assurance auto.
Comme Ornikar, qui élargit également son activité à l’assurance, certaines auto-écoles en ligne sont en train de déporter leur cœur d’activité vers des secteurs plus rentables. L’activité « auto-école » n’étant désormais plus envisagée que comme un moyen d’attirer des prospects vers des produits à plus forte valeur ajoutée.
En Voiture Simone rachetée par un réseau de concessionnaire automobile, il n’est pas impossible que la start-up change de position vis-à-vis de l’agrément national et qu’elle installe des points de vente physiques dans les concessions pour se rapprocher de ses clients. La concession deviendrait alors un « guichet unique » où l’élève pourrait s’inscrire au permis de conduire et par la suite acheter son véhicule… et pourquoi pas bénéficier d’un financement de sa formation pour l’achat d’un véhicule neuf.
Pures spéculations? L’avenir nous le dira !