« Les places sont parties en une demie-seconde, je n’ai même pas eu le temps de cliquer ». Depuis deux semaines, les témoignages sur multiplient. En cause, l’apparition de robots sur la plateforme de réservation de places d’examen RDVPermis. Le recours à ces robots pose de nombreuses questions et remet en cause l’esprit même de RDVPermis. Le Ministère a décidé de s’attaquer à ce phénomène rapidement. Des instructions ont été transmises ce matin aux BER.
Les robots ne sont pas nouveaux
Les robots permettant la réservation de places d’examen sont apparus peu de temps après la mise en place de Candilib, avec notamment le service « Candibot ». Ce robot proposait aux candidats libres de leur réserver une place sur la plateforme contre la somme de 15€ à 25€.
Les candidats libres n’avaient qu’à renseigner leur lien de connexion sur le site et le robot se chargeait de leur prendre une place d’examen. Un « business » rentable puisque le fondateur de Candibot a déclaré 240 000€ de chiffres d’affaires et 45 000€ de bénéfices pour l’année 2021. Selon nos calculs se sont environ 15 000 candidats libres qui auraient utilisé ce service.
Le site Candilib ayant été fermé, les robots se sont trouvés au chômage technique… et ont dû se réinventer !
L’existence des robots connue par l’administration
L’existence de Candibot était connue de l’administration, mais les efforts nécessaires pour mettre un terme à l’activité de ce robot n’ont pas été faits car la plateforme Candilib n’avait pas vocation à perdurer après la fin de l’expérimentation.
La plateforme RDVPermis devait, elle, être construite de telle sorte que les robots ne puissent pas réserver de places d’examen. La question a été soulevée à plusieurs reprises lors des réunions départementales de présentation de l’outil et les BER se sont montrés rassurants à chaque fois.
Les robots désormais présents sur RDVPermis
Sur Candilib, les robots exploitaient une faille technique. Sur RDVPermis, le mode opératoire est différent. Les robots utilisent le compte RDVPermis de leurs clients : des candidats libres mais également des… auto-écoles.
Au moins deux sociétés proposent des services de robots. La première OTOPILOT a été créée par Florian Damiot, le fondateur de Candibot. La seconde PMDBOT, par Yanis Ghoual, un ancien gérant d’une société de location de véhicules à doubles commandes en région grenobloise.
Rupture de l’égalité entre auto-écoles
Disposer d’un système automatisé permettant de faciliter la réservation des places d’examen est une bonne chose en soi. Les fournisseurs de logiciels et de solutions numériques ont tous (ou presque) mis en place une passerelle avec RDVPermis, moyennant une facturation supplémentaire. L’auto-école paye alors un service qui lui permet d’économiser du temps.
La promesse que font les sociétés qui vendent les services de robots est différente ! Le service vendu est lié à la vitesse d’exécution de la réservation. La vitesse de réservation par un robot étant supérieur à celle d’un humain, le fait d’y avoir recours confère un avantage important sur les auto-écoles concurrentes.
Il permet à l’auto-école (1) de prendre des places d’examen sur des créneaux pré-définis, (2) de prendre des places d’examen groupées et surtout (3) de prendre toutes les places qui seraient disponibles à moins de 7 jours de l’examen. Ces places qui désormais n’entrent plus en compte dans le calcul du seuil sont à la disposition de celui qui les prend en premier.
Offre commerciale proposée par Otopilot
⚠️ Avertissement : Étant donné les sanctions prévues par l’administration (décrites en fin d’article), il est fortement déconseillé de souscrire aux services des sociétés proposant des robots de réservation.
On peut tracer un parallèle avec les pratiques qui se sont développées dans le monde de la finance depuis 30 ans. Les traders traditionnels sont en concurrence avec les algorithmes qui passent des ordres en quelques millisecondes. Aujourd’hui, le trading haute-fréquence (THF) représente la majorité des ordres passés en Bourse.
Les robots remettent fondamentalement en cause « la philosophie » de RDVPermis. Lors de sa mise en place l’outil devait équitable, transparent et gratuit (contrairement à Printel). Si le recours au robots devient indispensable pour obtenir des places d’examen, cela revient à rendre RDVPermis payant de facto. Une charge supplémentaire que les écoles de conduite devront répercuter dans leurs tarifs… éloignant un peu plus l’idée de « rendre le permis moins cher ».
Le Ministère est décidé à interdire les robots
L’utilisation des robots est contraire à la philosophie de RDVPermis, la Délégation à la sécurité routière (DSR) a été alertée par les organisations professionnelles et a pris conscience de la menace que représentaient ces robots. Récemment, des décisions fortes ont été prises pour empêcher ces robots d’exister. La réponse prendra plusieurs formes et aura des déclinaisons à court et moyen terme.
À court terme, l’annulation des réservations prises par les robots
Il s’agit d’une mesure avec application immédiate. Dès le lundi 24 avril, le DSR va répertorier les auto-écoles ayant recours aux services des robots. Elle transmettra la liste de ces auto-écoles aux BER des départements concernés. Les places d’examen prises au moyen de robots seront annulées et ces auto-écoles auront leurs réservations bloquées pour les publications suivantes.
Sans entrer dans des considérations techniques, la DSR dispose déjà des moyens d’identifier les places réservées au moyen de robots.
À moyen terme, une réponse technique et juridique
Une réponse technique est actuellement à l’étude pour rendre inutile l’utilisation des robots. La DSR ne souhaite pas communiquer davantage sur cette mesure. Pour des raisons évidentes…
Cette solution technique sera accompagnée d’une réponse juridique. La DSR ne communique pas non plus sur la forme que prendra cette réponse. Il pourrait s’agir d’un arrêté ou d’un décret à paraître avant la fin du mois de mai. Si les contours exacts ne sont pas encore connus, le texte devrait interdire le recours aux robots et prévoir des sanctions en cas d’utilisation de ces outils. Gageons que les sanctions devraient être progressives et aller jusqu’au retrait de l’agrément comme c’est déjà le cas pour les fausses déclarations d’ETP.
Des sanctions dissuasives
Les sanctions qui seront appliquées aux auto-écoles qui utilisent des robots seront telles qu’elles devraient dissuader ces dernières d’y avoir recours. L’idée est de faire en sorte que les gains potentiels (quelques places d’examen en plus par mois) soient négligeables au regard de la sanction encourues (le retrait d’agrément).
Les auto-écoles en ligne, comme Ornikar ou Le Permis Libre, pourraient être tentées de développer des robots. Le fait que leur activité repose sur un seul agrément national devrait les en dissuader…
Les auto-écoles ayant décidé d’avoir recours aux robots ont donc intérêt à résilier leur abonnements dans les plus brefs délais, faute de quoi elles s’exposent aux sanctions.
Votre article manque d’objectivité et comporte des erreurs :
1 – La solution des « robots » permettent justement aux auto-écoles traditionnelles de faire jeu égal avec les startups que vous citez. Ces dernières se connectent directement à l’API de rendez-vous Permis et automatisent tout le processus de réservation en bloquant des places de façon bien plus rapide qu’un humain. La difficulté de réservation des places d’examens résulte uniquement de la trop grande affluence sur RdvPermis : les auto-écoles de chaque département se connectant en effet au même moment. C’est le fonctionnement de la plate-forme d’état qui crée ça, rien d’autre !
2 – L’accès à l’API est compliqué à obtenir et n’est pas clairement proposé par la DSR aux auto-écoles traditionnelles. Y aurait-il un droit à deux vitesses ? D’un côté, ces startups qui échangent régulièrement avec la DSR et façonnent RdvPermis à leurs besoins et de l’autre la quasi totalité des auto-écoles qui n’accèdent pas du tout aux mêmes outils ? Là encore, ces robots permettent de rééquilibrer les chances et d’aplanir cette concurrence déloyale que vous positionnez au mauvais endroit.
3 – Vous expliquez que le recours aux robots engendrerait des coûts importants pour les auto-écoles, se répercutant ainsi sur le prix du permis de conduire. C’est de la pure démagogie ! Printel, outil que vous citez dans votre article, n’était-il pas payant ?
4 – À l’heure actuelle, aucun texte de loi, ni décret réglemente l’usage des robots. Il est donc inconcevable que des sanctions soient prises à l’encontre des auto-écoles ayant eu recours à ces services, et ce, dans le but de rester compétitive et d’apporter ainsi un service de qualité aux candidats.
D’accord mais si on suit votre raisonement, si on laisse toutes les auto-écoles passer par l’API ou les robots, comment les candidats libres peuvent il avoir une chance de réserver une place ?
merci pour le raisonnement, 1 an que je regarde chaque jour et aucune place de dispo, et puis les auto écoles qui me font du chantage: « tant que tu réservera en candidat libre tu n’auras pas de place », c’est juste de degeulasse de leur part, nous candidat n’avons aucune chance , il faut que ça change