PermisMag vous en parlait déjà en début de mois, Ornikar a décidé de démarcher par e-mail un certain nombre d’auto-écoles en leur faisant une proposition simple: détacher leurs moniteurs afin de les faire travailler quelques heures par semaine sur leur plateforme.
Si les auto-écoles en lignes arrivent à séduire un certain nombre d’élèves, à grand coup de publicité sur les réseaux sociaux et de prix cassés (à la limite même de la rentabilité), elles ont beaucoup plus de difficultés à attirer les enseignants de la conduite et font face à un réel manque de formateurs. Il est en effet plus intéressant pour un moniteur d’être salarié d’une structure traditionnelle plutôt que d’adopter le statut d’auto-entrepreneur (et la rémunération souvent inférieure) imposé par ces plateformes.
Conscients de ces désavantages, les formateurs continuent donc à s’orienter, dans leur grande majorité, vers les auto-écoles traditionnelles. Pour remédier à cette pénurie, les auto-écoles « nouvelle génération » sont prêtes à tout… y compris à s’adresser aux auto-écoles dont elles veulent « révolutionner le modèle » et qu’elles souhaitent remplacer à terme.
Si, pour les auto-écoles traditionnelles, il était inacceptable il y a quelques mois encore de partager leurs formateurs avec ces auto-écoles 2.0, il semblerait qu’un petit nombre d’entre elles soient prêtes à changer d’avis… contraintes et forcées.
Mais comment Ornikar essaye-t-elle de convaincre les auto-écoles de partager ses formateurs?
Par un e-mail amical et coloré envoyé aux auto-écoles, Ornikar propose un « partenariat » qui permettrait de remplir les trous dans leurs plannings en dispensant des cours à ses élèves. La start-up nantaise promet également d’apporter une nouvelle visibilité, un complément de revenus mais également un accès à une base de plus de 100 000 élèves dans toute la France (des chiffres bien évidemment invérifiables).
Ci-dessous une capture d’écran de l’e-mail reçu par certaines auto-écoles.
Dans sa brochure explicative, l’auto-école va plus loin et promet de « maximiser le chiffre d’affaire » grâce à une baisse des charges et une rémunération des heures de conduite. En revanche, elle ne détaille pas les conditions pratiques du partenariat (le montant versé à l’auto-école par heure de conduite, les conditions de la mise en place de contrat de sous-traitance, etc.) ni le statut des enseignants.
Par ailleurs, la mise en place de telles pratiques pose question. Comment l’auto-école pourra-t-elle justifier l’absence de contrat de formation pour ces élèves en cas de contrôle? Vers qui l’élève devra se tourner en cas de problème au cours de sa formation? Sans parler du manque total de suivi : un élève pourra commencer sa formation avec un moniteur indépendant d’Ornikar, effectuer quelques heures à l’auto-école A, poursuivre avec le moniteur indépendant, reprendre des heures avec l’auto-école B, etc… un comble, au moment même où Emmanuel Macron dit compter sur les auto-écoles en matière de sécurité routière!
Après avoir mis plusieurs centaines d’auto-écoles en difficulté1, Ornikar se pose désormais en recours. Certains gérants, faisant face à une baisse d’activité ou à des charges fixes importantes, pourraient être tentés de saisir la main tendue…
Ceci dit, chiffre d’affaires et marge n’étant pas synonymes, il est très probable que ce partenariat qui est présenté et/ou pourrait être perçu comme un « remède » se révèle en réalité être un « poison mortel », à court ou moyen terme! Les auto-écoles qui accepteraient un tel partenariat n’ayant pas, parmi leurs actionnaires, des personnes prêtes à financer un modèle économique qui n’a pas su démontrer sa rentabilité.
Et vous, avez-vous reçu l’email d’Ornikar (où d’une autre auto-école en ligne)?
1 Pour rappel, le nombre total d’auto-écoles a diminué de 500 sur l’année 2016 et la tendance se poursuite depuis le début de l’année.
Bonjour, surtout ne pas adhérer sinon c’est une mort assurée…….
Le problèmes des auto-entrepreneurs n’est pas seulement d’être mal payé par ces plateformes qui promettent tout et ne donnent rien… C’est surtout d’être hors la loi… Les plateformes le savent et cherchent d’autres solutions par le biais d’une sous traitance à travers les auto-écoles déjà en place. Bien évidemment, ils faut refuser. Ils vont peut-être attirer quelques auto-écoles en manque de clientèle… Il serait judicieux de savoir combien ces plateformes proposent comme taux horaire ??? Et si on réfléchi 2 secondes, c’est une situation lamentable. Ces plateformes veulent casser le marché de l’auto-école traditionnelle afin de les remplacer, mais elles font appel à ces dernières pour y parvenir… Qu’ils crèvent !