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Permis de conduire numérique : c’est pour bientôt !

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permis de conduire numérique
permis de conduire numérique
Une version dématérialisée du permis de conduire sera accessible sur smartphone depuis l’application France Identité. En phase de test, le dispositif pourrait être généralisé dès 2024.

Le permis de conduire passe en mode numérique. Pour conduire en règle, il n’y aura bientôt plus besoin d’avoir le permis sur soi sous sa version physique (ancien permis rose ou du nouveau type au format carte d’une carte bancaire), selon un article paru dans le Parisien. Il suffira simplement d’avoir importé son permis dans l’application France Identité, et celui-ci sera disponible même sans connexion Internet.

Le permis dématérialisé pourra être utilisé en cas de contrôle par les forces de l’ordre, pour louer une voiture, ou faire de l’autopartage.

Impératif d’avoir dématérialisé sa carte d’identité

Reste une obligation: disposer d’une carte d’identité en règle et l’avoir préalablement importée dans l’application France Identité, qui sera disponible sur iOS et Android. Sa version beta est déjà accessible pour une dizaine de milliers de testeurs, qui possèdent donc un double numérique de leur carte nationale d’identité électronique (CNIe). Cette nouvelle carte d’identité munie d’une puce électronique, au format carte bancaire, sera donc indispensable.

Ensuite, deux méthodes sont possibles pour importer son permis dans l’application. Il sera possible d’utiliser son Relevé d’information restreint (RIR), un document attestant de son droit à conduire, qu’il est possible de récupérer sur le site Télépoints à l’aide de son numéro de permis. Il suffira ensuite de scanner le QR code du document.

Autre possibilité, cliquer sur « importer mes droits à conduire » en interrogeant à distance la base de données de la Délégation à la sécurité routière. Ensuite, même hors ligne, le précieux sésame sera visible en se rendant dans l’onglet « Portefeuille » de l’appli.

Policiers, gendarmes, loueurs et employeurs

Lors des contrôles routiers par exemple, les forces de l’ordre seront en mesure de contrôler ces « droits à conduire » sur l’application. Grâce à leurs smartphones NEO dotés d’un lecteur de puce NFC, la police et la gendarmerie peuvent désormais vérifier la validité de votre permis et le fait que vous n’êtes pas recherchés.

Pour justifier de sa capacité à conduire auprès d’un loueur de voiture ou de son employeur, il sera aussi possible d’éditer un justificatif en ligne. Ce document officiel pourra être envoyé en quelques clics par email ou encore WhatsApp, en précisant son destinataire. À terme, faire une demande de procuration entièrement en ligne sera également possible.

Reste qu’il sera certainement encore nécessaire de posséder la version physique du permis de conduire, au moins pour effectuer certaines démarches, comme louer un véhicule à l’étranger.

Le gouvernement table sur une généralisation du dispositif début 2024, quelques semaines après le déploiement de la carte d’identité dématérialisée. La carte vitale numérique, elle, doit débarquer sur téléphone fin 2025. Des documents numériques qui ne reviendront évidemment pas sur la possibilité d’utiliser les versions physiques.


[Opinion] L’auto-école, une profession (trop) réglementée ?

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Auto-école trop réglementé
L’enseignement de la conduite est une profession réglementée. Cela n’est pas nouveau et c’est probablement nécessaire ! Ceci étant dit l’augmentation exponentielle des contraintes administratives qui pèsent sur les auto-écoles depuis près de 10 ans a des conséquences sur les exploitants et sur leurs entreprises. Ras-le-bol, fatigue physique et mentale… les auto-écoles veulent, dans leur immense majorité, une stabilité réglementaire.

Un cadre juridique nécessaire

L’enseignement de la conduite et de la sécurité routière est un sujet trop important pour ne pas être encadré. La formation des futurs conducteurs est un enjeu primordial pour leur sécurité, mais également pour celle des autres. Il ne s’agit pas d’un commerce ou d’une industrie comme une autre, mais de permettre aux jeunes d’accéder à la mobilité.

Pour s’assurer du respect d’un ensemble de règles, définies dans le Code de la route, la profession d’enseignement de la conduite a été réglementée, progressivement. Les écoles de conduite doivent disposer d’un agrément préfectoral destiné à s’assurer qu’elles disposent d’un local aux normes pour accueillir ses élèves, ainsi que des moyens pédagogiques pour leur formation (véhicules, enseignants, etc.).

Pour s’assurer de la permanence des moyens mis en œuvre, l’agrément préfectoral doit être renouvelé tous les 5 ans. Au préalable, l’exploitant doit effectuer une réactualisation de connaissances (tous les 5 ans) pour s’assurer que ses connaissances sur la législation sont à jour et faire renouveler son autorisation d’enseigner (tous les 5 ans également).

Jusque là, rien que de très normal.

Une multiplication des normes et la réforme permanente

Depuis 2015 et la loi Macron, le secteur de l’enseignement de la conduite a connu de profonds bouleversements… Ces changements législatifs sont dus (en partie) à l’arrivée des plateformes et au lobbying qu’elles ont exercé sur les différents gouvernements… mais pas seulement ! Revenons un peu en arrière.

Le 15 mars 2017, une petite révolution a lieu. Le compte personnel de formation (CPF) peut désormais être utilisé pour financer la formation au permis de conduire (code et conduite). Cette révolution ne concerne pas toutes les auto-écoles car ces dernières doivent obtenir un Numéro de déclaration d’activité (NDA) auprès de la DIRECCTE (devenue DREETS entre temps) et se faire référencer sur DataDock, une plateforme gérée par les OPCO (qui a depuis disparu).

Pour les auto-écoles, qui ne faisaient pas de formation professionnelle, c’est la découverte d’un nouveau métier, avec ses obligations et ses contraintes : disposer d’un commissaire aux comptes, établir chaque année un bilan pédagogique et financier (BPF), etc…

Début 2018, le label « Qualité des formations au sein des écoles de conduite » (version 1) est mis en place par le Ministère. Ce label donne le droit à quelques avantages (comme le fait de faire des formations passerelle, le permis à 1€ par jour, etc). Pour y prétendre, les écoles de conduite doivent remplir un dossier papier et répondre à 23 critères. Elles doivent en outre souscrire à une garantie financière.

La même année, le gouvernement commande à la député du Gard, Françoise Dumas, un rapport dont l’objectif était de réfléchir aux moyens de rendre le permis de conduire moins cher. Intitulé « Vers un permis de conduire plus accessible et une éducation routière renforcée » le rapport est remis au gouvernement en février 2019. Ce rapport n’aura aucune incidence sur le prix du permis mais il introduit de nouveaux outils et de nouvelles obligations comme le recours au livret numérique (qui devrait être obligatoire au 1er janvier 2024).

La mesure phare du rapport Dumas est la mise en place de la plateforme RDVPermis qui sera progressivement déployée sur l’ensemble du territoire en près de 3 ans.

Les réformes sont mises entre parenthèses avec l’épidémie de Covid-19 mais, elles reprennent de plus belle. En 2021, le label de qualité est complètement revu pour obtenir une équivalence avec la certification Qualiopi. Le nombre de critères passe de 23 à 32 et le dépôt du dossier passe désormais par Démarches Simplifiées. À nouveau, les auto-écoles doivent s’adapter…

Entre temps, fin 2019, Datadock a été remplacé par une nouvelle plateforme Mon Compte Formation et les écoles de conduite gèrent désormais leur catalogue de formation et leur facturation sur leur espace professionnel (EDOF).

L’épidémie de Covid-19 engendre une courte pause dans les réformes, mais les auto-écoles devront bien vite se replonger dans le travail administratif avec la mise en place des PGE.

Les années 2021 et 2022 sont marquées par le déploiement progressif de RDVPermis. Fin 2022, les inscriptions CPF s’effondrent. En cause, la mise en place de l’Identité Numérique qui complexifie grandement la création d’un compte sur Mon compte formation. Là encore, les auto-écoles doivent s’adapter dans l’urgence.

En janvier 2023, une proposition de loi portée par Sacha Houlié propose d’étendre l’utilisation du CPF à toutes les catégories de permis. Fin avril, deux nouvelles propositions de loi sont déposées le même jour : proposition de loi n°1139 et proposition de loi n°1152.

Une charge administrative et financière de plus en plus importante

Ces nouvelles obligations modifient peu à peu le métier d’« auto-école ». S’il souhaite rester compétitif (et accessoirement respecter la législation), un gérant ne peut plus uniquement se concentrer sur l’enseignement de la conduite. Il doit prendre en compte la charge administrative, nouvelle « charge mentale » (pour reprendre un terme à la mode) et adapter le fonctionnement de son établissement.

Ces nouvelles obligations génèrent du stress et elles ont un coût non négligeable. Pour les respecter, les écoles de conduite voient leurs charges augmenter. Qu’il s’agisse de coûts directs (comme par exemple, souscrire à une garantie financière) ou des coûts indirects (payer la secrétaire pour monter un dossier de labellisation, faire appel à un consultant externe, etc.).

Le travail de « tous les jours » est également plus long. L’enregistrement des dossiers sur l’ANTS, le traitement des demandes de financement CPF, la gestion des entrées en formation et de la facturation sur EDOF, la prise de places sur RDVPermis… toutes ces actions prennent davantage de temps.

Trop de normes tuent la norme

Nul n’est censé ignorer la loi ! Cependant, lorsque la loi évolue tous les ans ou presque, cela devient compliqué de s’y retrouver.

La moindre erreur se paie cher. Oublier de déclarer son bilan pédagogique et financier (BPF) entraîne la perte de la certification Qualiopi. Avoir un bilan financier négatif peut remettre en cause la souscription de la garantie financière et par extension le maintien du label et de Qualiopi.

Même lorsque tout semble aller pour le mieux, un grain de sable peut enrayer la machine. En cause : le mille-feuilles administratif français et les délais parfois très longs imposés par l’administration.

Nombre d’auto-écoles en ont fait l’expérience : blocage inexpliqué du renouvellement du label pour cause de renouvellement d’agrément ; blocage inexpliqué de l’accès à EDOF, alors que l’auto-école est toujours labélisée et « Qualiopisée ». En cause, une mauvaise communication entre le Ministère de l’Intérieur (qui gère le label de qualité) d’une part et le Ministère du Travail (qui gère la certification Qualiopi et les organismes de formation) d’autre part ; une administration difficilement joignable qui impose des délais de traitement aberrants (jusqu’à 6 mois pour un renouvellement d’agrément dans le 93), etc…

Les auto-écoles, toutes centres de formation ?

Les évolutions décrites précédemment risquent de créer dans les années qui viennent un clivage encore plus net dans la profession avec d’un côté les grosses structures de centre-ville qui auront les moyens financiers et humains de continuer à suivre l’évolution de la réglementation. Ces structures se seront transformées avec succès en centres de formation. Elles proposeront l’ensemble des catégories de permis et tous les financements possibles.

De l’autre, on trouvera les petites écoles de campagne qui n’auront pas les moyens (ni la force) de se lancer dans ces démarches toujours plus lourdes. Elles ne proposeront qu’un nombre limité de formations et peu ou pas de financements…. Les plus enclavées résisteront, car la proximité reste un facteur déterminant en école de conduite. Les autres pourraient disparaître ou être rachetées.

Regroupement et économies d’échelle

En 2021, quelques 12 000 auto-écoles ont formé 1 120 000 candidats, soit moins de 100 candidats par an et par auto-école, pour un chiffre d’affaires moyen inférieur à 200 000€. Comme souvent une moyenne masque des réalités bien différentes…

Quelle est la solution ? Nous ne prétendons pas qu’il existe une réponse simple à cette question. Ceci étant dit, il serait peut-être bon qu’une concentration s’opère dans le secteur. Qu’il y ait moins de petites auto-écoles (moins de 100 élèves par an) et d’avantages d’auto-écoles moyennes (200-400 élèves par an). Ces structures pourraient ainsi réaliser des économies d’échelle et améliorer leur rentabilité. Elles pourraient également embaucher des personnes dédiées à ces tâches administratives nouvelles que nous avons évoquées. Qu’en sera-t-il ? L’avenir le dira…


Le réseau INRI’S fête ses 10 ans et adopte un nouveau modèle

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10 ans réseau INRI'S Formations
En mars, le réseau INRI’S fêtait ses 10 ans d’existence. À cette occasion, nous sommes allés à la rencontre d’Armel Lebié, son fondateur, et nous l’avons interrogé sur les perspectives d’avenir et la nouvelle impulsion qu’il souhaite donner au réseau. Un nouveau modèle économique, de nouveaux outils et une campagne de recrutement d’adhérents… Interview.

Bonjour Armel, les 10 ans du réseau INRI’S marquent un tournant ! Est-ce que vous pouvez nous expliquer concrètement ce qui va changer ? 

Tout à fait, voilà près d’un an que l’on travaille à une nouvelle version de INRI’S avec une nouvelle vision et un nouveau modèle économique. On s’est appuyé sur l’historique. On connaît nos points forts, et ce que l’on maîtrise moins. Nous savons communiquer et nous savons vendre nos formations.

Aujourd’hui, la proposition que l’on fait aux adhérents et aux futurs adhérents, c’est un accompagnement terrain avec notre animateur réseau, des outils et des résultats. Un résultat « garanti » dans la mesure où notre réseau dispose désormais d’un plateau commercial. On n’envoie plus un prospect, on envoie désormais un client inscrit. Et ça change fondamentalement les choses ! Cela fait plus d’un an que je suis en train de tester ce nouveau fonctionnement et cela fonctionne très bien. On décharge l’agence d’une partie de la prospection et elle peut se concentrer sur ce qu’elle sait faire de mieux : la formation.

Quelles sont les actions prévues dans les mois à venir ?

On va monter en puissance, augmenter nos investissements en matière de  communication. Aujourd’hui, je souhaite reprendre le développement du réseau et recruter de nouveaux adhérents pour mettre en place un maillage territorial plus important. On a beaucoup de demandes qu’on ne peut pas satisfaire car nous ne sommes pas présents sur le secteur. C’est dommage !

INRI’S est très présent en Île-de-France et sur la Côte d’Azur… moins ailleurs.

Exactement, l’idée est d’être rapidement présent sur l’ensemble des départements français. On maîtrise l’acquisition, il faut que l’on soit en mesure de délivrer la prestation. Elle sera confiée à l’adhérent par un mécanisme de sous-traitance, comme dans la formation pro. Nous nous occupons de tout l’administratif, le partenaire s’occupe de former. Le schéma est très simple.

Vous nous parliez de la mise en place de nouveaux outils également. Est-ce que vous pouvez développer ?

On a fait évoluer le site. On a notre nouvelle plateforme, INRI’S Connect, qu’on met gratuitement à disposition à nos adhérents, à partir de notre plateforme l’élève pourra se connecter à son espace, sélectionner une agence proche de lui, acheter une prestation (code seul ou code et conduite) et suivre la progression de sa formation. Il dispose de nombreuses ressources : des conseils dans un ebook gratuit, des tutoriels vidéos, etc… Côté autoécole, le gérant dispose d’une interface et peut publier ses offres de formation : accélérés (la spécialité du réseau INRI’S, NDLR).

Cette plateforme nous appartient, nous l’avons construite en interne. On apporte également de la visibilité avec notre site national (INRI’S Formations) et une visibilité sur VroomVroom ainsi qu’un club privilège où l’adhérent et ses élèves pourront bénéficier de réductions allant jusqu’à -70% dans des milliers d’enseignes en France.

Vous avez souhaité changer de modèle économique également…

Oui, tout à fait. Notre business model est hybride. On a une plateforme digitale performante avec un plateau commercial et on dispatche les clients sur l’ensemble des adhérents du réseau.

L’adhérent reste maître chez lui, il gère sa société, sa masse salariale, etc… nous on lui apporte un soutien administratif (label qualité, qualiopi…) et logistique, au niveau des fournisseurs. Nous avons des accords avec des constructeurs, des assurances et notre partenaire exclusif Enpc-Ediser pour les fournitures pédagogiques. On accompagne mais on ne fait pas d’ingérence. Le travail du réseau est de donner de la visibilité, apporter des clients et réduire les coûts de production.

On a intégré un module Business. L’apport d’affaires va dans les deux sens ! Une agence qui ne propose pas de formations moto peut envoyer des prospects au réseau. Nous faisons l’inscription et nous rémunérons l’agence pour cet apport d’affaires. Cela marche pour les formations code accéléré, les formations moto, les formations passerelles, les stages de récupération de points, le permis bateau, etc.

On a mis en place un espace INRI’S Community, l’idée est de créer des interactions, de partager les bonnes pratiques, de poser des questions, de suivre l’actualité du réseau et les réformes, etc…

Dans ce nouveau modèle, le réseau réalise les inscriptions (une partie au moins) et envoie les clients en agence. Est-ce que cela signifie pour autant la fin des secrétaires en auto-école ? 

Non, pas du tout ! On ne va pas remplacer la secrétaire. Elle reste indispensable pour un ensemble de tâches comme accueillir les élèves en agence, faire les inscriptions en agence, coordonner les plannings des élèves et des enseignants, prendre les places d’examen sur RDVPermis, ect. Nous n’avons absolument pas vocation à les remplacer.

Merci Armel, vous avec un dernier mot ?

Oui, j’encourage celles et ceux qui voudraient nous rejoindre de prendre contact avec nous directement sur notre site. Je serai ravi de prendre rendez-vous avec eux et de leur présenter notre beau réseau.


Baisser le coût du permis : la DSR lance de nouvelles consultations

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Réunion-de-travail-dsr-baisser-cout-permis
Les écoles de conduite espéraient un peu de répit dans les réformes incessantes qui touchent la profession depuis 2015. Le gouvernement semble en avoir décidé autrement. La semaine dernière, la DSR lançait de vastes consultations auprès des acteurs de l’écosystème pour réfléchir à de nouvelles solutions pour « faire baisser le coût du permis ». Des mesures devraient être annoncées prochainement.

Tourner la page de la réforme des retraites

La réforme des retraites a laissé des marques dans le pays. La majorité des Français y étant opposés. La côte de popularité du gouvernement en général, et du président de la République en particulier, sont au plus bas. Selon un sondage BVA pour RTL paru vendredi dernier, seulement 26% des Français ont une opinion favorable du Président de la République.

Les syndicats n’étant pas décidés à revenir à la table des négociations avant le défilé unitaire du 1er mai, le gouvernement est dans une impasse. Dans son allocution télévisée du 17 avril, Emmanuel Macron déclarait « Nous avons devant nous 100 jours d’apaisement, d’unité, d’ambition et d’action au service de la France ». Selon toute vraisemblance, cet apaisement devrait passer par un saupoudrage de mesures destinées à calmer certaines catégories de la population :

  • les enseignants : le Ministre de l’Éducation Pap N’Diaye a annoncé des revalorisations de salaires inédites depuis 30 ans ;
  • les automobilistes : le Ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé qu’à compter du 1er janvier 2024, les excès de vitesse inférieurs à 5 km/h ne seraient plus sanctionnés que par une simple amende. Une mesure qui était dans les cartons depuis plusieurs mois déjà.

Enfin, les « jeunes » également devraient être concernés… avec de nouvelles mesures pour faire baisser le prix du permis de conduire.

Une volonté d’aller vite

Cent jours, c’est court ! Pour s’inscrire dans le narratif gouvernemental de l’apaisement, des mesures doivent être annoncées rapidement. Aussi, le Ministère de l’Intérieur a été prié de réfléchir à des mesures fortes qui pourront faire l’objet d’annonces avant l’été.

C’est dans ce contexte que la Délégation à la sécurité routière (DSR) a lancé de vastes consultations auprès des acteurs de la profession. Les organisations professionnelles représentatives (Mobilians ESR, UNIDEC et UNIC) étaient reçues par la Déléguée interministérielle le mardi 18 avril, tandis que les opérateurs du code de la route (La Poste, Objectifcode, Code’n Go!, etc.) étaient reçus le lendemain.

Dans le cadre de cette « mission exploratrice visant à étudier les pistes pour faire descendre le coût du permis de conduire » les participants étaient incités à préparer des propositions.

Des « fuites » destinées à prendre la température

Nous vous en parlions il y a 15 jours, des pistes de travail avaient été communiquées à la presse afin de voir comment elles étaient accueillies par l’opinion et par les professionnels, à savoir :

  • la possibilité de passer son permis à 16 ans, voire 17 ans ;
  • la fin des 20 heures obligatoires.

Les organisations professionnelles avaient déjà eu l’occasion de réagir dans nos colonnes. Elles ont pu le faire à nouveau auprès de la déléguée interministérielle à la sécurité routière et auprès du délégué interministériel à la Jeunesse, Mathieu Maucort.

Une nouvelle mesure, jusque là non évoquée, a été mise sur la table…

Les questions de code mise à la disposition du grand public ?

Au cours du rendez-vous, la déléguée interministérielle a questionné les organisations professionnelles sur l’opportunité de mettre en ligne les questions du code gratuitement par l’État.

Les organisations professionnelles se sont opposées à cette mesure. Dans son communiqué à ses adhérents, l’UNIDEC écrit « il serait dommageable de laisser penser aux élèves qu’il n’y a pas besoin de prendre des cours. Nous ne souhaitons pas sacrifier la qualité de l’enseignement et des apprentissages. »

Une telle mesure aurait également un impact sur les éditeurs pédagogiques. En donnant gratuitement accès aux contenus pédagogiques que les éditeurs vendent actuellement aux écoles de conduite, l’État démonétiserait en partie les produits qu’ils vendent.

Les élèves cherchant un apprentissage de qualité continueront à vouloir recevoir des « cours de code » mais on peut déjà anticiper que certains élèves se contenteront des questions gratuites.

Enfin, cette mesure risquerai également d’avoir un impact sur le taux de réussite à l’examen du code. Les questions sont actuellement tirées au sort, de manière aléatoire, avant l’examen. Si l’État rend publiques l’ensemble des questions, cela laissera la possibilité aux élèves de bachoter et d’apprendre par cœur les réponses (sans forcément comprendre les règles…).

Les propositions des organisations professionnelles

En complément des propositions présentées par le Ministère, les organisations professionnelles avaient été sollicitées pour réfléchir à des propositions complémentaires. Nous vous les partageons ci-dessous.

Les propositions de Mobilians ESR annoncées par Lorenzo Lefebvre

De son côté, l’Unidec propose la mise en place d’un Compte personnel de mobilité (CPM), avec un mécanisme légèrement différent du CPF. Nous aurons l’occasion d’y consacrer un article prochainement.

Que retenir ?

À ce stade, pas grand chose… Il est trop tôt pour dire quelles seront les mesures retenues par la DSR et à quelle échéance elles seront appliquées. Néanmoins, selon nos informations, la DSR veut aller vite et transmettra des propositions à Matignon dès la fin du mois.

Une fois de plus, les écoles de conduite devront s’adapter rapidement. Ces changements réglementaires incessants, couplés à l’augmentation des tâches administratives, engendrent une « charge mentale » de plus en plus importante… susceptible de décourager même les plus passionnés.


L’agrément de France Code suspendu pour 3 mois

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France Code Agrément suspendu

L’information est parue ce matin au journal officiel. L’opérateur des examens du code de la route France Code a vu son agrément suspendu pour une durée de 3 mois. Une décision prise suite à des manquements à l’obligation d’indépendance prévue par le Code de la route.

France Code vendait des accès code en ligne… et de l’assurance

L’article L221-6 du Code de la route prévoit que « l’organisateur agréé d’une épreuve du permis de conduire présente des garanties d’honorabilité, de capacité à organiser l’épreuve, d’impartialité et d’indépendance à l’égard des personnes délivrant ou commercialisant des prestations d’enseignement de la conduite. » C’est précisément ce qui est reproché à France Code qui, depuis quelques mois, vendait des accès code en ligne sur un site dédié… faisant ainsi de la concurrence aux auto-écoles et aux éditeurs pédagogiques.

Candy Code, c’est le nom du service proposé par France Code, proposait 4350 questions pour un prix allant de 9,99€ à 71,99€ (tarif qui comprend les démarches sur l’ANTS, entre autres).

France Code - réviser code en ligne

Mais ce n’est pas tout, France Code propose également des assurances auto, moto et protection juridique à destination des particuliers. Une « mode » lancée par Ornikar il y a quelques années et qui attire de plus en plus d’acteurs de l’écosystème.

France Code propose des assurances

Les courriers de la DSR restés lettre morte

Avant de prendre l’arrêté de suspension, la DSR a tenté de prendre contact avec l’opérateur. Le 9 février 2023, un courrier recommandé signé de la Déléguée interministérielle a été envoyé à France Code afin de « recueillir les observations de l’intéressé sur les manquements constatés ». Ce courrier est resté sans réponse.

D’autres manquements au code de la route ont été constatés

Si la suspension de l’agrément a été prise sur la base de l’article L221-6 du Code de la route, il semblerait que ce n’est pas la seule infraction qui puisse être reprochée à France Code. Comme nous l’écrivions il y a près d’un an, plusieurs opérateurs ne respectent pas l’obligation de couverture prévue à l’article R221-3-8 du code de la route.

L’organisateur agréé assure, dans les conditions prévues au présent article, l’accès des candidats à des sites d’examen sur le territoire de chaque département métropolitain et de chacune des collectivités suivantes : Guadeloupe, Guyane, Martinique, La Réunion, Mayotte et Saint-Pierre-et-Miquelon.

Sur son site internet, France Code revendique « 75 centres d’examen »… sans mettre à disposition la liste de ces centres. Il est probable que cet opérateur n’ai pas 75 centres et il est certains qu’il ne respecte pas l’obligation de couverture.

Cela pose à nouveau la question de la pertinence d’un système à 8 opérateurs, dont près de la moitié d’entre-eux (France Code, Exa Code, Easy Code) ne respectent pas la réglementation. La DSR devrait revoir le cahier des charge pour que seuls les opérateurs qui respectent le code de la route puissent continuer à exercer.


Les robots à l’assaut de RDVPermis

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Robot RDVPermis Réservation place d'examen
Le recours aux robots pour la réservation de places d'examen sur RDVPermis sera bientôt interdit.

« Les places sont parties en une demie-seconde, je n’ai même pas eu le temps de cliquer ». Depuis deux semaines, les témoignages sur multiplient. En cause, l’apparition de robots sur la plateforme de réservation de places d’examen RDVPermis. Le recours à ces robots pose de nombreuses questions et remet en cause l’esprit même de RDVPermis. Le Ministère a décidé de s’attaquer à ce phénomène rapidement. Des instructions ont été transmises ce matin aux BER.

Les robots ne sont pas nouveaux

Les robots permettant la réservation de places d’examen sont apparus peu de temps après la mise en place de Candilib, avec notamment le service « Candibot ». Ce robot proposait aux candidats libres de leur réserver une place sur la plateforme contre la somme de 15€ à 25€.

Les candidats libres n’avaient qu’à renseigner leur lien de connexion sur le site et le robot se chargeait de leur prendre une place d’examen. Un « business » rentable puisque le fondateur de Candibot a déclaré 240 000€ de chiffres d’affaires et 45 000€ de bénéfices pour l’année 2021. Selon nos calculs se sont environ 15 000 candidats libres qui auraient utilisé ce service.

Le site Candilib ayant été fermé, les robots se sont trouvés au chômage technique… et ont dû se réinventer !

L’existence des robots connue par l’administration

L’existence de Candibot était connue de l’administration, mais les efforts nécessaires pour mettre un terme à l’activité de ce robot n’ont pas été faits car la plateforme Candilib n’avait pas vocation à perdurer après la fin de l’expérimentation.

La plateforme RDVPermis devait, elle, être construite de telle sorte que les robots ne puissent pas réserver de places d’examen. La question a été soulevée à plusieurs reprises lors des réunions départementales de présentation de l’outil et les BER se sont montrés rassurants à chaque fois.

Les robots désormais présents sur RDVPermis

Sur Candilib, les robots exploitaient une faille technique. Sur RDVPermis, le mode opératoire est différent. Les robots utilisent le compte RDVPermis de leurs clients : des candidats libres mais également des… auto-écoles.

Au moins deux sociétés proposent des services de robots. La première OTOPILOT a été créée par Florian Damiot, le fondateur de Candibot. La seconde PMDBOT, par Yanis Ghoual, un ancien gérant d’une société de location de véhicules à doubles commandes en région grenobloise.

Rupture de l’égalité entre auto-écoles

Disposer d’un système automatisé permettant de faciliter la réservation des places d’examen est une bonne chose en soi. Les fournisseurs de logiciels et de solutions numériques ont tous (ou presque) mis en place une passerelle avec RDVPermis, moyennant une facturation supplémentaire. L’auto-école paye alors un service qui lui permet d’économiser du temps.

La promesse que font les sociétés qui vendent les services de robots est différente ! Le service vendu est lié à la vitesse d’exécution de la réservation. La vitesse de réservation par un robot étant supérieur à celle d’un humain, le fait d’y avoir recours confère un avantage important sur les auto-écoles concurrentes.

Il permet à l’auto-école (1) de prendre des places d’examen sur des créneaux pré-définis, (2) de prendre des places d’examen groupées et surtout (3) de prendre toutes les places qui seraient disponibles à moins de 7 jours de l’examen. Ces places qui désormais n’entrent plus en compte dans le calcul du seuil sont à la disposition de celui qui les prend en premier.

Offre commerciale proposée par Otopilot

Offre commerciale Otopilot

⚠️ Avertissement : Étant donné les sanctions prévues par l’administration (décrites en fin d’article), il est fortement déconseillé de souscrire aux services des sociétés proposant des robots de réservation.

On peut tracer un parallèle avec les pratiques qui se sont développées dans le monde de la finance depuis 30 ans. Les traders traditionnels sont en concurrence avec les algorithmes qui passent des ordres en quelques millisecondes. Aujourd’hui, le trading haute-fréquence (THF) représente la majorité des ordres passés en Bourse.

Les robots remettent fondamentalement en cause « la philosophie » de RDVPermis. Lors de sa mise en place l’outil devait équitable, transparent et gratuit (contrairement à Printel). Si le recours au robots devient indispensable pour obtenir des places d’examen, cela revient à rendre RDVPermis payant de facto. Une charge supplémentaire que les écoles de conduite devront répercuter dans leurs tarifs… éloignant un peu plus l’idée de « rendre le permis moins cher ».

Le Ministère est décidé à interdire les robots

L’utilisation des robots est contraire à la philosophie de RDVPermis, la Délégation à la sécurité routière (DSR) a été alertée par les organisations professionnelles et a pris conscience de la menace que représentaient ces robots. Récemment, des décisions fortes ont été prises pour empêcher ces robots d’exister. La réponse prendra plusieurs formes et aura des déclinaisons à court et moyen terme.

À court terme, l’annulation des réservations prises par les robots

Il s’agit d’une mesure avec application immédiate. Dès le lundi 24 avril, le DSR va répertorier les auto-écoles ayant recours aux services des robots. Elle transmettra la liste de ces auto-écoles aux BER des départements concernés. Les places d’examen prises au moyen de robots seront annulées et ces auto-écoles auront leurs réservations bloquées pour les publications suivantes.

Sans entrer dans des considérations techniques, la DSR dispose déjà des moyens d’identifier les places réservées au moyen de robots.

À moyen terme, une réponse technique et juridique

Une réponse technique est actuellement à l’étude pour rendre inutile l’utilisation des robots. La DSR ne souhaite pas communiquer davantage sur cette mesure. Pour des raisons évidentes…

Cette solution technique sera accompagnée d’une réponse juridique. La DSR ne communique pas non plus sur la forme que prendra cette réponse. Il pourrait s’agir d’un arrêté ou d’un décret à paraître avant la fin du mois de mai. Si les contours exacts ne sont pas encore connus, le texte devrait interdire le recours aux robots et prévoir des sanctions en cas d’utilisation de ces outils. Gageons que les sanctions devraient être progressives et aller jusqu’au retrait de l’agrément comme c’est déjà le cas pour les fausses déclarations d’ETP.

Des sanctions dissuasives

Les sanctions qui seront appliquées aux auto-écoles qui utilisent des robots seront telles qu’elles devraient dissuader ces dernières d’y avoir recours. L’idée est de faire en sorte que les gains potentiels (quelques places d’examen en plus par mois) soient négligeables au regard de la sanction encourues (le retrait d’agrément).

Les auto-écoles en ligne, comme Ornikar ou Le Permis Libre, pourraient être tentées de développer des robots. Le fait que leur activité repose sur un seul agrément national devrait les en dissuader…

Les auto-écoles ayant décidé d’avoir recours aux robots ont donc intérêt à résilier leur abonnements dans les plus brefs délais, faute de quoi elles s’exposent aux sanctions.


[Portrait] À Pantin, Manaf transporte gratuitement les plus démunis

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Manaf Acimi CER Milani Pantin
Cette semaine, nous sommes allés voir Manaf Acimi, le gérant du CER Milani à Pantin depuis plus de 15 ans. Il y a un mois, il a lancé un concept de transport gratuit à destination des personnes âgées dans le besoin. Ces dernières s’installent à l’arrière de la voiture et les élèves les conduisent chez le médecin ou au centre commercial.

Bonjour Manaf, comment vous est venue l’idée ?

Cela fait des années que cette idée me trotte dans la tête. Je me suis toujours dit que c’était dommage d’avoir des places vides alors qu’il y a tellement de gens qui galèrent dans les transports en commun.

Je me suis rendu compte que la mobilité devenait de plus en plus compliquée à cause des problèmes de sécurité dans les transports ou encore l’augmentation du Pass Navigo.

L'initiative reprise dans le JT de France 3 Île-de-France...

Avoir l’idée est une chose, la mettre en place est parfois plus compliqué ! Comment est-ce que vous avez fait ?

Oui, c’est vrai. Ici les choses se sont faites assez naturellement. Je me suis rapproché de l’association « Les Petits Frères des Pauvres » qui vient en aide aux personnes âgées en situation de précarité. Je leur ai proposé nos services et ils ont tout de suite accepté.

Cela fait un mois que nous sommes en phase de test. Nous avons transporté une vingtaine de personnes et pour l’instant c’est plutôt concluant. Je suis de plus en plus contacté sur les réseaux sociaux, certains anciens élèves me demandent si je peux accompagner leurs grands-parents, etc.

Télévision, radio, presse, votre initiative a été très médiatisée, j’imagine que vous devez être fier.

Je n’ai pas fait ça pour les caméras, mais oui, ça me fait plaisir. C’est avant tout une action solidaire, faite pour rendre service. Qu’on en parle est une bonne chose. La société est de plus en plus individualiste. Alors forcément, voir une action comme celle-ci, complètement désintéressée, cela suscite de l’intérêt.

Par ailleurs, je suis persuadé qu’elle est bénéfique pour tous. Pour les personnes transportées à qui on rend leur mobilité, pour la planète et pour les élèves… on pourra en reparler!

... et dans le 19:45 (M6)

La médiatisation attire aussi parfois la jalousie… et les critiques. Sur certains groupes Facebook, des personnes ont critiqué l’initiative en se posant la question de sa légalité et de sa pertinence en matière de pédagogie. Qu’est ce que vous leur répondez ?

J’ai lu ces critiques évidemment et je ne les ai pas trouvées pertinentes. La pédagogie du moniteur n’est absolument pas impactée par le fait de transporter une personne à l’arrière du véhicule. La conduite de l’élève non plus. D’ailleurs, le jour de l’examen, il y aura quelqu’un d’assis sur la banquette arrière. La personne transportée est silencieuse et n’intervient pas pendant la durée du trajet.

Par ailleurs, lorsque l’on doit transporter une personne, je m’assure toujours qu’il s’agisse d’un élève en milieu ou en fin de formation, pas d’un élève qui travaille la compétence 1. La course dure en moyenne 15 minutes, sur une leçon de 2 heures, et un élève transporte souvent qu’une seule personne pendant toute sa formation. Son impact est très faible et aucun élève ne s’est plaint. Au contraire, ils sont plutôt demandeurs. L’auto-école est située à proximité du centre d’examen, je fais en sorte que ces courses soient mises à profit pour travailler des éléments en particulier, comme le stationnement par exemple.

J’ai pu lire que je faisais du RMP (Roule Ma Poule) et que ce n’était pas pertinent en matière de pédagogie. J’invite ceux qui le pensent sincèrement à venir assister à l’une de mes leçons pour les faire changer d’avis.

Et du point de vue des assurances, vous avez pensé à tout ?

Là encore, j’ai lu tout et n’importe quoi ! Mon initiative est bénévole et solidaire, le transport est gratuit. Il ne s’agit absolument pas d’une activité de transport de personnes (comme c’est le cas pour les taxis ou les VTC). Cela s’apparente davantage à de l’auto-stop organisé. Pour le reste, c’est la loi Badinter de 1985 qui s’applique.

Vous disiez toute à l’heure que l’initiative était bénéfique pour tous, vous voulez préciser votre pensée ?

Oui, je pense qu’elle est bénéfique dans la mesure où elle permet d’agir en faveur de l’environnement. Nous avons dans nos véhicules des places inoccupées, pourquoi pas en faire bénéficier des personnes dans le besoin ? On me dit que c’est modeste, que c’est une goutte d’eau… et alors ? Il y a une légende amérindienne que j’aime particulièrement. C’est la légende du colibri. Les jeunes d’aujourd’hui sont très engagés pour l’environnement, ils valorisent ce genre d’actions.

D’autre part, j’espère que cette initiative permettra de changer l’image de la profession et de montrer que les auto-écoles ne sont pas là que « pour l’argent ». Nous sommes dans le 93, dans un département avec énormément de précarité. Cette initiative est destinée à recréer du lien social, entre les générations. Les gens ne se parlent plus, certaines personnes âgées ont peur des jeunes car les seuls contacts qu’ils ont avec eux c’est à travers BFMTV. Il y a quelques années, on parlait de « délit de sale gueule ». Pour les jeunes, c’est également bénéfique. Ils se rendent compte qu’ils aident, ils identifient les personnes transportées à leurs grands-parents. Ce sont les premiers à me demander de participer.

Vous avez lancé le mouvement dans le 93, vous avez un mot pour vos collègues qui voudraient vous imiter ?

Qu’ils n’hésitent surtout pas. Je serai ravi si je réussi à créer des vocations. Ce que l’on a fait c’est écrire le mode d’emploi. Maintenant, il ne reste plus qu’à le répliquer. J’invite toutes les auto-écoles qui souhaitent le faire de se lancer…


Permis de conduire : le gouvernement réfléchit à baisser l’âge légal

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baisser âge légal permis de conduire 16 ans
L’annonce a surpris tout le monde jeudi dernier… et pourtant nous n’étions pas le 1er avril ! Un article paru dans Le Parisien nous apprenait que le gouvernement réfléchit à baisser l’âge légal pour obtenir son permis de conduire de 18 ans à 17 ans (voire 16 ans) et à revenir sur les 20h minimales obligatoires.

Une mesure dédiée à calmer la jeunesse

Ces mesures figureraient dans le plan pour les jeunes, préparé par le délégué interministériel à la Jeunesse, Mathieu Maucort, directement rattaché à Matignon. L’idée est de faire un geste en direction de la jeunesse, de plus en plus mobilisée dans le conflit social contre la réforme des retraites.

Elles s’inspirent de plusieurs pays où l’on peut passer son permis à partir de 17 ans comme au Royaume-Unis, voire à partir de 16 ans comme aux États-Unis. Mais dans ce pays, souvent cité comme exemple, cette conduite est généralement accompagnée de restrictions, comme l’interdiction par exemple de rouler la nuit.

Les écoles de conduite globalement opposées à ces mesures

Pour Patrice Bessone, le Président de Mobilians ESR « on peut baisser l’âge de passage du permis, mais ce que veulent les jeunes ce n’est pas ça ! Ils veulent qu’on les aide à financer leur permis. Chez Mobilians c’est ce sur quoi nous travaillons depuis plusieurs mois. » Il ajoute : « nous demandons également la suppression du délai de 3 mois pour faire la formation de 7 heures permettant la levée du code restrictif 78 (pour le passage d’un véhicule équipé d’une boîte automatique à une boîte manuelle). »

À l’Unidec, on est très surpris autant sur le fond comme sur la forme. Pour son Président Bruno Garancher « On a l’impression que cette « fuite » a été faite volontairement par le gouvernement et qu’il s’agit d’un contre-feu pour détourner l’attention des jeunes de la réforme des retraites. »

Même son de cloche du côté de l’Unic, pour sa Présidente Sandra Carasco qui ne voit pas l’intérêt de cette annonce. « Abaisser l’âge du passage du permis n’a aucun intérêt pour les jeunes et ça ne me semble pas pertinent en matière de sécurité routière. Financièrement parlant, cela ne sera pas intéressant non plus. Les délais de présentation à l’examen sont déjà élevés pour les jeunes de plus de 18 ans, rajouter deux classes d’âge ne pourra faire qu’empirer la situation. »

Le volume d’heures minimal et multiplication des conflits

Pour Bruno Garancher, « revenir sur le volume d’heures minimal (20h en boîte manuelle, 13h en boîte automatique, NDLR) n’a aucun sens. Il s’agit de minimum théorique. Personne ne passe le permis aujourd’hui après 20h de conduite. La seule chose que cela change c’est le signal que l’on envoie aux jeunes et cela risque de générer davantage encore de conflits dans les agences. »

Une position que partage en tous points Sandra Carasco « mettre fin aux 20h minimales obligatoires est également un non-sens. Il s’agit d’une annonce démagogique qui va nuire à la profession. Les auto-écoles vont encore passer pour des « méchants » (pour ne pas dire plus) qui forcent à prendre des leçons. »

Les jeunes sont-ils mûrs pour conduire seuls à 16 ans ?

Cette seconde mesure interroge également les professionnels de l’éducation routière.

Bruno Garancher s’interroge. « Est-ce qu’à 16 ans les jeunes ont la taille requise et la maturité nécessaire ? Un permis à 16 ans est-ce que cela veut dire commencer la conduite accompagnée à 13 ans, certains ne dépasseront pas du volant ?

La question de la maturité est également présente. Le référendum sur l’interdiction des trottinettes électriques qui s’est tenu il y a quelques jours à Paris l’a montré, les gens ont peur des incivilités. Les trottinettes électriques sont plébiscitées par les jeunes adolescents. Qu’adviendra-t-il si on leur met une voiture entre les mains ? »

Un constat partagé par Sandra Carasco « en termes de maturité, les jeunes partent de plus loin. Ils ont de grosses lacunes. Je le vois tous les jours en leçons. Avant, les passagers n’avaient « rien à faire » en voiture. Ils regardaient le paysage ou… le conducteur. Ils arrivaient en auto-école avec quelques bases. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Ils sont sur leurs téléphones portables et arrivent avec aucune connaissance. »

Pour elle, il est inutile de chercher à changer le système. « Que les jeunes apprennent à conduire plus tôt, dès 16 ans, dans le cadre de l’AAC, je suis pour. Ce mode d’apprentissage a fait ses preuves, mais là ce n’est pas ce dont on parle.  

Si l’on veut améliorer la mobilité des jeunes, il existe déjà d’autres solutions comme le scooter, la voiturette, etc. »

Les associations de victimes contre la mesure

Abaisser l’âge n’est pas forcément une bonne idée, font remarquer les associations de victimes, surtout dans un pays latin comme la France. Alcool, vitesse, stupéfiant… Les conduites à risque sont encore importantes pour les 18-24 ans, impliqué dans 17 % des accidents de la route alors qu’ils ne représentent que 9 % de la population.

Ces réticences semblent être partagées par une majorité des Français. Dans un sondage mis en ligne sur le site du Point, plus de 85% des 5000 personnes ayant pris part au sondage se disaient opposées à ces mesures.

Pour aller plus loin :


Système Sûr : Mobilians fait des propositions pour améliorer la sécurité routière

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systeme sûr mobilians securite routière
Mercredi dernier, Mobilians Éducation et Sécurité routière organisait un déjeuner-débat en présence de Florence Guillaume, la Déléguée interministérielle à la Sécurité routière, ainsi que de personnalités politiques. À cette occasion, ses représentants Patrice Bessone et Lorenzo Lefebvre ont présenté des propositions visant à améliorer la sécurité routière, en s’inspirant du « système Sûr », déjà mis en place en Europe du Nord.

Réduire le nombre de victimes sur les routes

La réflexion part d’un constat simple : le nombre de tués et de blessés sur les route a fortement diminué ces dernières décennies (pour plusieurs raisons qu’il serait long ici d’évoquer). Cependant, depuis quelques années, il semble stagner et, pire, repartir légèrement à la hausse. En 2022, 3260 personnes sont décédées en France métropolitaine des suites d’un accident, contre 2944 en 2021.

Les nouveaux modes de déplacement et le partage de la route

Deuxième constat, la mobilité évolue, de nouveaux modes de déplacement voient le jour… en particulier dans les grandes agglomérations. Les véhicules à moteur (voitures, motos, etc.) doivent désormais cohabiter avec les trottinettes, vélos et autres gyropodes, ainsi qu’avec les piétons.

Le développement de ces nouveaux modes de transport se traduit par une forte augmentation du nombre d’accidents pour leurs usagers. Depuis la pandémie du Covid-19, les tués en voiture représentent désormais moins de la moitié des tués sur la route (48%) alors que le nombre de cyclistes tués ou gravement blessés augmente de 13% entre 2019 et 2022. Il en est de même pour les usagers d’EDPM (engins de déplacement personnel motorisé) de type trottinettes, avec +38% de blessés graves entre 2021 et 2022.

L’enseignement actuel est insuffisant

Selon une étude de la Fédération européenne des écoles de conduite de septembre 2021, intitulée Driving licensing in Europe, a new model for a new decade, « 90% des personnes qui fréquentent une école de conduite pour obtenir le permis de conduire n’apprennent pas nécessairement à conduire en toute sécurité » et ce alors même que la multimodalité complexifie considérablement le partage de la voirie.

Repenser la formation au permis pour des comportements plus sûrs

Face à ces différents constats et, pour répondre aux objectifs internationaux et européens de « réduire de moitié le nombre de tués et de blessés graves à l’horizon 2030 pour atteindre l’objectif de zéro tués en 2050 », les professionnels de l’éducation et de la sécurité routière réunis au sein de Mobilians sont convaincus qu’il est possible d’agir et d’apprendre des « comportements sûrs » aux candidats.

Les pouvoir publics européens s’emparent du sujet et ont récemment publié une révision de la Directive 2006/126 relative au permis de conduire. Mobilians salue cette initiative mais pense qu’il est possible d’aller au-delà, au niveau national, en mettant en place un schéma développé notamment en Suède et aux Pays-Bas : le système Sûr.

Mobilians ESR souhaite proposer un changement de paradigme pour tendre vers des comportements plus sûrs. Ce changement passe par une adaptation de l’apprentissage théorique et pratique de la conduite, dans le cadre d’une formation initiale et continue.

Pour cela, l’organisation professionnelle propose de « développer un modèle intégré complet, adapté à tous, qui vise à renforcer de manière proactive la sensibilisation des conducteurs actuels et futurs » en abordant plus particulièrement les situations complexes de circulation et également les questions clés telles que la perception des risques, les facteurs de risques dans la conduite, les nouvelles technologies, les nouvelles formes de mobilité ou encore le développement durable.

Les contours du système Sûr

Le « système Sûr » n’est pas nouveau, il a été théorisé en 2016 dans un rapport de l’OCDE. Il s’inspire du concept « Vision zéro », développé dans les années 1980 et 1990 en Suède ou aux Pays-Bas.

Dans ce système, la sécurité routière ne doit pas être envisagée uniquement comme un ensemble de règles à respecter. D’autres éléments conditionnent le maintien d’une mobilité en sécurité. On parle ici du « triangle Homme-Véhicule-Environnement », qui fait de la sécurité routière un enjeu multifactoriel et systémique.

Le système Sûr repose sur quatre éléments principaux :

  1. des routes et des accotements sûrs, qui soient prévisibles et « pardonnent » les erreurs. Leur conception doit être facile à comprendre, encourager la conduite à des vitesses plus sûres et aider à éviter les erreurs ;
  2. des vitesses sûres, correspondant à la fonction et au niveau de sécurité de la route. Les usagers comprennent et respectent les limitations et conduisent en fonction des conditions (trafic, météo, etc.) ;
  3. des véhicules sûrs, qui préviennent les accidents et protègent les usagers de la route, y compris les occupants, les piétons et les cyclistes dans l’éventualité d’un accident.
  4. des usagers sûrs, alertes et sans facultés affaiblies, qui respectent les règles de circulation, prennent des mesures pour améliorer la sécurité.

Les propositions de Mobilans ESR

Ces propositions sont les suivantes :

1. Refondre la formation initiale et mettre en place de cours théoriques collectifs obligatoires

L’apprentissage du code de la route correspond à l’appréhension des règles d’utilisation des voies publiques par les piétons, les cyclistes et les automobilistes au sens large.

La sensibilisation des conducteurs aux comportements à risque est un sujet à part entière. Mobilians propose la mise en place d’un module spécifique avec 5 heures de cours collectifs et en présentiel, réalisé grâce aux nouvelles technologies dont sont déjà équipées les écoles de conduite (écrans interactifs, simulateurs de conduite). Ces cours porteraient sur l’ensemble des piliers Usagers, Véhicules, Infrastructures et environnement, le Post-accident et la Vitesse. Pour Patrice Bessone, « le contenu de ces stages pourrait être adapté aux particularités du territoire et à son accidentalité. En effet, on sait que la majorité des accidents surviennent à côté de son domicile, sur les trajets du quotidien. »

Des études ont montré que les cours en présentiel ont un impact et une efficacité bien plus importantes que les cours à distance, en visioconférence.

2. Rendre obligatoire une formation continue pour tous

Les études ont montré que les premiers mois de la conduite sont les plus à risque, l’habitude entraîne un déclin de la vigilance et des « bonnes pratiques » apprises en auto-école. Les jeunes conducteurs sont confrontés aux évolutions sociétales et aux nouvelles mobilités qui entraînent un nouveau partage de la route.

Mobilians souhaite ainsi la généralisation d’un stage post-permis pour les conducteurs à partir du 6ème mois suivant l’obtention du permis. Le contenu et le déroulement du stage post-permis actuel devront évoluer. Afin de garantir une plus grande mixité et un plus grand partage d’expérience, il pourrait être couplé aux rendez-vous pédagogiques dans le cadre de l’AAC. Les 7 heures pourraient être effectuées de la sorte :

  • 2 heures de formation théorique en même temps qu’un RDV préalable AAC ;
  • 4 heures de formation théorique en même temps que des RDV pédagogiques AAC;
  • 1 audit de conduite d’une heure pour finir.

Cette formation serait obligatoire et ce n’est qu’à l’issue de cette formation que le jeune conducteur obtiendrait son permis de conduire définitif. Pour Patrice Bessone, « la majorité des pays européens ont mis en place ce genre d’obligation, il est temps que la France fasse de même. »

Travailler sur le financement

Si les professionnels de Mobilians ESR souhaitent renforcer le contenu de la formation, cela ne doit pas se faire au détriment des apprenants à travers des augmentations de tarifs. Pour cela, Mobilians souhaite que les cours dispensés pendant la formation initiale (et après) soient des cours collectifs et que la réglementation évolue pour permettre la portabilité du CPF au sein de la famille nucléaire. Cette option a, pour l’instant, été écartée dans la proposition de loi du député Sacha Houlié, mais elle pourrait être rediscutée lors de l’examen du texte au Sénat.


La proposition de loi pour étendre le CPF votée en première lecture. Entretien avec Sacha Houlié

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Sacha Houlié - Proposition de loi Permis de conduire

Lundi 27 mars, la proposition de loi portée par le député de la Vienne (Renaissance), Sacha Houlié a été voté en première lecture par l’Assemblée nationale (consulter le texte de la proposition). Cette proposition de loi a été co-écrite avec Aurore Ferrand Rousseau, gérante d’auto-école à Poitiers

[PermisMag] Bonjour Sacha Houlié, la proposition de loi qui vient d’être votée en première lecture est destinée à rendre le permis de conduire « plus simple, plus rapide et moins cher ». En 2018, le président Macron avait déclaré vouloir faire baisser « drastiquement le prix du permis ». Le rapport Dumas de 2019 a accouché de 10 mesures devant faire baisser le prix du permis de 30%. Dans les faits, le prix du permis a augmenté. Comment est-ce que vous l’analysez ? Ne s’agit-il pas d’un constat d’échec des mesures mises en place par la députée Dumas ? 

[Sacha Houlié] Je l’analyse assez simplement. On n’a pas de texte qui soit allé au bout des choses. Ma collègue a fait beaucoup de choses sur la question mais aucune disposition légale n’a été adoptée sur le fondement de son rapport.

En 2019, on se posait la question du permis en termes de prix proposé par les auto-écoles alors même que ces auto-écoles sont des entreprises qui — comme les autres — subissent l’inflation : inflation du prix du carburant, inflation des salaires des enseignants et des charges sociales, augmentation du tarif des voitures, etc…

Cette fois, on a pris le problème différemment. On s’est posé la question du reste à payer pour les consommateurs… et on a essayé de voir comment réduire ce montant le plus possible. On a constaté qu’il y avait beaucoup de dispositifs d’aides qui existaient mais qui étaient méconnus et sous-utilisés.

On a décidé de partir des aides existantes, celles qui marchent. On va mettre en place une plateforme pour permettre de faire connaître ces aides et faire en sorte qu’elles soient utilisées.

On a travaillé sur le CPF notamment qui est l’aide la plus utilisée. On a proposé l’extension de cette aide à l’ensemble des catégories de permis.

Enfin, on s’est penchés sur une question administrative : celle du recrutement d’examinateurs supplémentaires. On a écarté d’emblée la privatisation, parce que ça créerait plus de désordre qu’autre chose dans la mesure où il y aurait des mobilisations et que l’on n’est pas sûr que ce soit constitutionnel d’aller jusque là puisqu’il s’agit d’une prérogative de puissance publique.

Si je comprends bien, il y a un changement de paradigme. Le rapport Dumas voulait faire baisser le prix du permis, vous vous concentrer sur les financements et comment faire en sorte que le consommateur paye le moins possible, sans toucher forcément au prix de la formation.

[Sacha Houlié] C’est exactement ça.

[Aurore Ferrand-Rousseau] Notre enjeu était de faire en sorte que les auto-écoles puissent travailler sereinement. En ce qui me concerne, je ne fais partie d’aucun groupe, d’aucune enseigne, comme 80% des auto-écoles en France. Au final, ce sont nos établissements qui forment l’immense majorité des élèves. On s’est posé la question de savoir comment on pouvait continuer à former ces élèves, sans mettre en péril nos entreprises et en gardant des tarifs accessibles. Notre réflexion a tourné autour de ça.

Le permis coûte cher parce que nos charges ont augmentés, parce que les délais entre deux présentations se rallongent. Dans la Vienne, on a des délais qui vont passer à 100 jours. Tout le monde n’a pas la possibilité de passer en conduite accompagnée ou supervisée… ces gens doivent reprendre des leçons pour maintenir leur niveau et ça a un coût conséquent.

Ensuite, notre réflexion s’est portée sur le CPF. On a vu que c’était un mode de financement qui marchait bien mais qu’il y avait quelques incohérences. Je pense entre autres aux permis remorque. Quand je vois que 80-90% des gens qui viennent faire ce genre de formation le font pour des raisons professionnelles – parce qu’ils sont paysagiste, entrepreneurs du bâtiment, éleveur de chevaux ou autre… – je me dis qu’il est anormal que ces formations ne soient pas financées. Ces gens là ne passent pas leur formation pour transporter leur jet-ski, mais bien pour travailler…

Étendre le CPF à l’ensemble des catégories de permis, les écoles de conduite sont plutôt favorables, avec des réserves pour certaines. Cela va permettre de mettre fin à un certain nombre de fraudes… Est-ce que vous pourriez nous préciser si les formations de 7 heures sont également concernées, formation B96 et formation 125 cm3 notamment ?

A priori ces formations sont couvertes par le texte de loi. La formation B96 est mentionnée à la page 13 du rapport que j’ai rédigé pour accompagner la proposition de loi. Il devrait en être de même pour la formation 125 cm3.

Cette mesure semble aller à rebours des dernières mesures prises par la Caisse des Dépôts et Consignations : la mise en place de l’Identité numérique et du reste à charge d’ici la fin de l’année. Ces mesures tendent à faire en sorte de restreindre l’utilisation du CPF, votre proposition de loi fait le contraire. Avez-vous consulté la Caisse des dépôts et consignations ?

Je vous confirme qu’il y a eu une discussion assez musclée avec le gouvernement pour l’ouverture du CPF à l’ensemble des catégories de permis, car ce n’est pas ce qui était souhaité. On avait étudié la cessibilité du CPF entre les parents et les enfants et on y avait renoncé pour plusieurs raisons :

  • Une question de coût (pour la CDC, NDLR) ;
  • Une question de lutte contre les fraudes… qui se multiplient sur le CPF ;
  • Par rapport au caractère « personnel » du CPF que cette mesure vient remettre en cause ; et surtout,
  • Par rapport aux inégalités que cela engendrerait. J’y reviendrai.

Sur cette question de l’élargissement du CPF aux autres catégories de permis. Les modifications sur les modalités d’utilisation du CPF seront prises par arrêté – c’était une demande du gouvernement.

On va également améliorer la lutte anti-fraude avec une meilleure transmission des informations à la Caisse des Dépôts, pour éviter notamment qu’une personne puisse utiliser son CPF pour repasser le permis suite à une annulation.

Sur la portabilité du CPF des parents vers les enfants. Il s’agissait de la mesure attendue par les professionnels du secteur. Vous avez fait part à plusieurs reprises de votre opposition à la mesure. La mesure n’a pas été retenue dans la proposition de loi. Pouvez-vous nous expliquer ce qui a motivé votre décision ? 

J’ai testé l’idée dès le départ. On en avait parlé avec Aurore Ferrand-Rousseau. Il s’agit d’une ligne rouge pour le gouvernement. Pour le coût que ça aurait pour les finances publiques d’une part, et du fait que ça viendrait modifier le caractère personnel du CPF d’autre part.

En ce qui me concerne, et c’est ce qui m’a le plus convaincu, je pense que cette cessibilité aurait un caractère injuste. Aujourd’hui, on a les chiffres, le CPF est le plus utilisé parmi les personnes non-qualifiées, avec des faibles revenues. Dans les familles où les parents sont ouvriers ou salariés peu qualifiés, les parents vont avoir besoin du CPF pour se former eux-mêmes et maintenir leurs compétences tout au long de leur carrière. Ces gens doivent utiliser leur CPF et n’ont pas la possibilité de le cumuler pour le donner à leurs enfants.

À l’inverse, dans les familles dont les parents sont cadres, cadres supérieures, fonctionnaire de catégories A, etc… ces personnes cumulent beaucoup de CPF et n’ont pas forcément besoin de l’utiliser. Ces personnes auraient plus de CPF à transmettre à leurs enfants. On perpétuerait avec cette mesure une inégalité sociale.

Le député Forissier a également parlé du fait d’octroyer uns certaine somme aux jeunes dès 16 ans, une sorte d’« avance sur CPF ». Que pensez-vous de cette mesure ?

On a demandé au gouvernement de travailler sur ce sujet, avec un dispositif qui se rapprocherait de ce qui existe déjà pour les apprentis (aide de 500€, NDLR). On n’a pas retenue la proposition du député Forissier, notamment car nous ne sommes pas en mesure de contrôler les fraudes éventuelles qui pourraient en découler.

D’accord. Parlons à présent de la carte des financements que vous voulez mettre en place et qui devrait s’appeler « 1 jeune, 1 permis ». Là encore, il s’agit d’une excellente mesure. Faute d’information, on sait qu’il y a une sous-utilisation de certaines aides par des personnes qui y auraient droit. On a vu que la carte des auto-écoles gérée par la DSR était très lacunaire. Pour que la carte des financements serve à quelque chose, il faut que les informations soient à jour en permanence. Est-ce que vous avez réfléchi concrètement à la mise en place de la mesure. Qui sera chargé de l’actualisation de ces informations ? 

On a prévu une synchronisation entre la plateforme auto-école et la plateforme qu’on voudrait mettre en place. Cette synchronisation a effectivement révélé quelques défaillances sur le sujet. On l’a fait remonter à la DSR.

On voudrait confier la plateforme « 1 jeune, 1 permis » aux équipes qui ont développé la plateforme « 1 jeune, 1 solution ». J’ai déjà échangé avec Thibaut Guilluy et le Haut-commissaire pour l’emploi du gouvernement, qui travaille avec France Compétence. On imagine une plateforme sur laquelle l’élève taperait son code postal et à partir de ce code postal, il aurait accès à toutes les aides disponibles.

On a besoin pour cela de recenser les aides. Cela passera soit par les préfets qui remonteront toutes les aides, dès lors qu’elles apparaîtront sur les budgets, soit par des demandes qui seront faites aux collectivités et qui remonteront ensuite.

Nous sommes assez confiants sur le fait de pouvoir le faire pour les régions et les départements, ce sera un peu plus compliqué au niveau des communes. La commune rurale qui aide 3 jeunes par an à financer leur permis ne fera peut-être pas remonter l’information sur la plateforme. C’est la plus grosse difficulté que l’on a aujourd’hui. Je pense qu’il faudra qu’on sollicite les collectivités… après les élections car c’est généralement là que sont mises en place les aides.

On a choisi le nom « 1 jeune, 1 permis » en échos à « 1 jeune, 1 solution » car cette plateforme a réellement permis de faire baisser le chômage chez les jeunes. La reprise de la déclinaison devrait assurer une communication suffisamment forte pour encourager, par elles-mêmes, les collectivités à déposer leurs aides.

Vous proposez d’avoir recours à des fonctionnaires de catégorie A ou B pour devenir examinateur du permis de conduire… et réduire ainsi les délais de passage entre deux examens. Pourquoi ne pas simplement augmenter le nombre de recrutements au concours ?

[Sacha Houlié] Il y a deux solutions : soit on forme des IPCSR et on leur donne toutes les attributions qui vont avec (c’est-à-dire mener à bien des examens du permis, lutter contre la fraude au code, contrôler les auto-écoles dans le cadre du label ministériel, etc.), soit on forme des examinateurs.

Non seulement la formation des inspecteurs est longue, elle dure 6 mois, mais en plus les inspecteurs ne seront pas dirigés directement vers le passage des examens du permis de conduire. C’est une solution qui a été retenue dans la LOPMI (loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur, NDLR), avec 100 recrutements d’inspecteurs supplémentaires sur 4 ans.

La solution que nous avons choisie est d’aller chercher, dans la fonction publique d’Etat ou territoriale, des examinateurs. Les avantages sont de deux ordres : d’une part ils ont une formation plus courte de 2 mois et, d’autre part, ils sont concentrés sur les examens du permis de conduire.

À charge ensuite de les faire évoluer et qu’ils deviennent inspecteurs du permis de conduire s’ils le souhaitent. En tout cas, ça permettra de répondre à l’objectif qui est de produire plus de places d’examen.

[Aurore Ferrand Rousseau] J’en ai parlé avec les IPCSR de mon département. Cela permettra aux inspecteurs de se dégager du temps pour mener à bien leurs missions qu’ils n’ont plus le temps de mener aujourd’hui.

Vous avez rencontré les acteurs de la profession, les organisations professionnelles. Vous avez animé une table ronde à Ligugé il y a 15 jours en compagnie de gérants d’écoles de conduite de la Vienne. Ces rencontres ont-elles fait avancer votre réflexion ? Qu’est-ce que vous en avez retenu ?

[Sacha Houlié] Nous avions fait un gros travail en amont. Ces rencontres nous ont surtout permis de valider nos pistes de réflexion. Cela nous a permis de corroborer nos idées. On n’a pas découvert d’idées nouvelles. La question de la cessibilité du CPF est beaucoup revenue.

[Aurore Ferrand Rousseau] L’ensemble de mes collègues que j’ai pu consulter était globalement tous d’accord avec les mesures proposées. On a parlé d’autres mesures, comme le permis à 1€ par jour et son déplafonnement.

Merci pour ces précisions. Est-ce que vous pouvez terminer en nous précisant les prochaines étapes et le calendrier ?

[Sacha Houlié] Il faut que la proposition de loi passe devant le Sénat, nous sommes en discussion pour trouver un rapporteur, j’espère que cela interviendra très rapidement. A partir de là, la proposition de loi pourra être inscrite à l’agenda du Sénat.

Ensuite on a plusieurs cas de figure :

  • soit un accord est trouvé avec le Sénat et la loi sera immédiatement votée,
  • soit on pourra faire une petite navette parlementaire et la loi sera votée à l’été, vers le mois de juillet ;
  • dernier cas, si les choses devaient traîner un peu plus, on imagine une adoption avant la fin de l’année civile, avant le mois de décembre 2023.

Merci beaucoup pour vos réponses !