Permis de conduire : le gouvernement réfléchit à baisser l’âge légal

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baisser âge légal permis de conduire 16 ans

L’annonce a surpris tout le monde jeudi dernier… et pourtant nous n’étions pas le 1er avril ! Un article paru dans Le Parisien nous apprenait que le gouvernement réfléchit à baisser l’âge légal pour obtenir son permis de conduire de 18 ans à 17 ans (voire 16 ans) et à revenir sur les 20h minimales obligatoires.

Une mesure dédiée à calmer la jeunesse

Ces mesures figureraient dans le plan pour les jeunes, préparé par le délégué interministériel à la Jeunesse, Mathieu Maucort, directement rattaché à Matignon. L’idée est de faire un geste en direction de la jeunesse, de plus en plus mobilisée dans le conflit social contre la réforme des retraites.

Elles s’inspirent de plusieurs pays où l’on peut passer son permis à partir de 17 ans comme au Royaume-Unis, voire à partir de 16 ans comme aux États-Unis. Mais dans ce pays, souvent cité comme exemple, cette conduite est généralement accompagnée de restrictions, comme l’interdiction par exemple de rouler la nuit.

Les écoles de conduite globalement opposées à ces mesures

Pour Patrice Bessone, le Président de Mobilians ESR « on peut baisser l’âge de passage du permis, mais ce que veulent les jeunes ce n’est pas ça ! Ils veulent qu’on les aide à financer leur permis. Chez Mobilians c’est ce sur quoi nous travaillons depuis plusieurs mois. » Il ajoute : « nous demandons également la suppression du délai de 3 mois pour faire la formation de 7 heures permettant la levée du code restrictif 78 (pour le passage d’un véhicule équipé d’une boîte automatique à une boîte manuelle). »

À l’Unidec, on est très surpris autant sur le fond comme sur la forme. Pour son Président Bruno Garancher « On a l’impression que cette « fuite » a été faite volontairement par le gouvernement et qu’il s’agit d’un contre-feu pour détourner l’attention des jeunes de la réforme des retraites. »

Même son de cloche du côté de l’Unic, pour sa Présidente Sandra Carasco qui ne voit pas l’intérêt de cette annonce. « Abaisser l’âge du passage du permis n’a aucun intérêt pour les jeunes et ça ne me semble pas pertinent en matière de sécurité routière. Financièrement parlant, cela ne sera pas intéressant non plus. Les délais de présentation à l’examen sont déjà élevés pour les jeunes de plus de 18 ans, rajouter deux classes d’âge ne pourra faire qu’empirer la situation. »


Le volume d’heures minimal et multiplication des conflits

Pour Bruno Garancher, « revenir sur le volume d’heures minimal (20h en boîte manuelle, 13h en boîte automatique, NDLR) n’a aucun sens. Il s’agit de minimum théorique. Personne ne passe le permis aujourd’hui après 20h de conduite. La seule chose que cela change c’est le signal que l’on envoie aux jeunes et cela risque de générer davantage encore de conflits dans les agences. »

Une position que partage en tous points Sandra Carasco « mettre fin aux 20h minimales obligatoires est également un non-sens. Il s’agit d’une annonce démagogique qui va nuire à la profession. Les auto-écoles vont encore passer pour des « méchants » (pour ne pas dire plus) qui forcent à prendre des leçons. »

Les jeunes sont-ils mûrs pour conduire seuls à 16 ans ?

Cette seconde mesure interroge également les professionnels de l’éducation routière.

Bruno Garancher s’interroge. « Est-ce qu’à 16 ans les jeunes ont la taille requise et la maturité nécessaire ? Un permis à 16 ans est-ce que cela veut dire commencer la conduite accompagnée à 13 ans, certains ne dépasseront pas du volant ?

La question de la maturité est également présente. Le référendum sur l’interdiction des trottinettes électriques qui s’est tenu il y a quelques jours à Paris l’a montré, les gens ont peur des incivilités. Les trottinettes électriques sont plébiscitées par les jeunes adolescents. Qu’adviendra-t-il si on leur met une voiture entre les mains ? »

Un constat partagé par Sandra Carasco « en termes de maturité, les jeunes partent de plus loin. Ils ont de grosses lacunes. Je le vois tous les jours en leçons. Avant, les passagers n’avaient « rien à faire » en voiture. Ils regardaient le paysage ou… le conducteur. Ils arrivaient en auto-école avec quelques bases. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Ils sont sur leurs téléphones portables et arrivent avec aucune connaissance. »

Pour elle, il est inutile de chercher à changer le système. « Que les jeunes apprennent à conduire plus tôt, dès 16 ans, dans le cadre de l’AAC, je suis pour. Ce mode d’apprentissage a fait ses preuves, mais là ce n’est pas ce dont on parle.  

Si l’on veut améliorer la mobilité des jeunes, il existe déjà d’autres solutions comme le scooter, la voiturette, etc. »

Les associations de victimes contre la mesure

Abaisser l’âge n’est pas forcément une bonne idée, font remarquer les associations de victimes, surtout dans un pays latin comme la France. Alcool, vitesse, stupéfiant… Les conduites à risque sont encore importantes pour les 18-24 ans, impliqué dans 17 % des accidents de la route alors qu’ils ne représentent que 9 % de la population.

Ces réticences semblent être partagées par une majorité des Français. Dans un sondage mis en ligne sur le site du Point, plus de 85% des 5000 personnes ayant pris part au sondage se disaient opposées à ces mesures.

Pour aller plus loin :


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