La nouvelle est tombée le 20 juin dernier, dans un entretien, la première Ministre Elizabeth Bornes a annoncé qu’à partir du 1er janvier 2024, il sera possible pour les jeunes de 17 ans, de passer leur permis de conduire.
Cette nouvelle réforme est sujet à controverse, de nombreuses questions se posent, notamment autour des places disponibles en auto-école et des délais d’attente pour l’examen qui devrait à nouveau être fortement impacté. Mais le permis de conduire à 17 ans n’aura pas seulement un impact sur les écoles, tous les secteurs de l’automobile est touché et les enjeux en termes de sécurités routières remis en compte.
Impact sur les auto-écoles et l’examen de la conduire
L’introduction du permis de conduire à 17 ans a un impact significatif sur les auto-écoles. Cette mesure crée de nouvelles opportunités commerciales, ainsi que des défis et des adaptations nécessaires dans leur mode de fonctionnement.
En baissant l’âge minimum à 17 ans, il va falloir faire face à une augmentation de la demande alors que les auto-écoles et les examinateurs sont déjà en sous-effectifs. Alors que les délais d’attentes pour les inscriptions à l’examen sont déjà très longs, cette mesure ne va en rien résoudre cette problématique. « ce nouvel afflux va mécaniquement augmenter le temps d’attente pour obtenir son sésame. D’autant plus durant les premières années de la mise en place de la mesure, du fait d’un effet d’aubaine.» explique Damien Mascaras, secrétaire général adjoint du syndicat national Force Ouvrière des inspecteurs, cadres et administratifs du permis de conduire et de la sécurité routière.
Les réseaux d’auto-écoles ont rapidement réagi à l’annonce en proposant 3 idées fortes pour un « permis plus sûr » :
- Une formation post-permis obligatoire de 2-3 mois à la suite de l’obtention du permis,
- Un module de formation aux nouvelles mobilité,
- Une conduite accompagnée autonome avec une AFFI qui offrirait le droit de conduire un quadricycle à moteur.
Impact sur la sécurité routière
De nombreuses associations de sécurité routières ne comprennent pas et restent dubitatives face à l’annonce de la première Ministre quant au passage à l’âge l’égal du permis de conduire à 17 ans. En effet, elles craignent une forte augmentation des décès des jeunes sur la route sachant que les données actuelles ne sont pas très optimistes : 17% des morts sur la route sont des jeunes de 18-24 ans. Jean-Yves Lamant, président de la Ligue contre la violence routière déplore cette nouvelle mesure qu’il qualifie « à l’inverse de ce qu’il faut faire pour baisser de moitié le nombre de mort sur la route en 2030 ». Certains remettent notamment en cause le manque de maturité psychologique par rapport au risque des jeunes de 17 ans.
La prévention routière reste favorable à la conduite accompagnée tandis qu’Elisabeth Borne se défend en indiquant que les pays voisins ayant appliqué le permis à 17 ans n’enregistrent pas plus d’accidents qu’avant une telle réforme.
Impact sur les assurances auto
Le manque d’expériences des nouveaux jeunes conducteurs est considéré comme un risque d’augmentation d’accidents pour les assureurs. Les formules d’assurance auto chez Groupama comme chez les nombreux assureurs auto vont devoir s’adapter et vont certainement enregistrer une hausse importante de leur tarif, impactant aussi bien les jeunes conducteurs de 18 ans que les conducteurs plus expérimentés.
Aujourd’hui, le tarif moyen pour une assurance auto pour un jeune est de 1255€ par an contre une moyenne de 630€ pour l’ensemble des Français. Cette différence considérable s’explique notamment par leur sur-représentation dans les statistiques d’accidents corporels. Pour compenser ce risque accru, les compagnies d’assurance appliquent une supprime à leurs cotisations.
Ces tarifs exorbitants sont aujourd’hui un véritable frein à l’assurance pour les jeunes conducteurs qui se sentent parfois contraints d’opter pour une conduite sans assurance. Les véhicules, même neufs des jeunes conducteurs se verront majoritairement assurés au tiers. Ils ne sont aujourd’hui que 38% à s’assurer tous risques contre 55% à s’assurer au tiers. La tendance ne devrait donc pas s’inverser en 2024.